SOUND OF FREEDOM
Etats-Unis – 2023
Genre : Thriller
Réalisateur : Alejandro Monteverde
Acteurs : Jim Caviezel, Bill Camp, Cristal Aparicio, Mira Sorvino…
Musique : Javier Navarrete
Durée : 131’
Distributeur : SAJE
Date de sortie : 15 novembre 2023
LE PITCH
SOUND OF FREEDOM est un thriller basé sur l’incroyable histoire vraie d’un ancien agent fédéral américain qui se lance dans une opération de sauvetage au péril de sa vie, pour libérer des centaines d’enfants prisonniers de trafiquants sexuels.
En croisade
Comme souvent, les succès rendent jaloux. Les grains de sable braquant le box-office sont rarement bien vus. Cela faisait longtemps qu’un film n’avait pas autant alimenté de polémique. Mais bon, il en faut bien un de temps en temps pour relancer le système.
Sound of freedom s’est révélé à la surprise générale devenir l’alternative au raz de marée Barbenheimer. Beaucoup de choses ont été dites sur le film. De ses entrées salles à sa récupération politique on en oublierait presque le message principal de ce long métrage : le trafic sexuel de jeunes enfants. Tourné en 2018 sous la bannière de Twenty Century Fox, le film est censé sortir dans la foulée si ce n’est que le rachat de la Fox par la pieuvre Disney met à l’arrêt les projets du studio. Forcément, l’entreprise aux grandes oreilles se montre frileuse de sortir un film au sujet si sensible et tendancieux. Dormant dans les tiroirs, le film est récupéré quelques années plus tard par Angel studio. Indépendant et peu connu chez nous, le label se spécialise dans la distribution de films aux valeurs chrétiennes (comme la série The Chosen). Le studio décide d’innover en mettant en place une opération spéciale auprès de sa fan-base qui a la possibilité d’acheter des places afin de les proposer gratuitement sur un site internet à des personnes qui n’en auraient pas les moyens. Un plan marketing original et osé si ce n’est que certains exploitants (mais pas tous apparemment) n’étaient pas satisfaits de leur coefficient d’occupation de fauteuils. Résultat, moins de trafic et moins de pop-corn amplificateur de marge dans les caisses. L’action est cavalière et met en rogne bon nombre de cadres des studios face au box-office voyant les 15m$ de Sound of Freedom la mettre minable à des films comme Mission impossible, Fast X ou Indiana Jones aux budgets pharaoniques frôlant les 300 millions de dollars pour des recettes équivalentes voir inférieures…
Théorie du complot
Le film reprend dans les grandes lignes l’histoire de l’agent fédéral Tim Ballard qui mena une croisade contre les kidnappings d’enfants destinés aux abus sexuels de riches millionnaires. Le sujet ne peut laisser indifférent, surtout lorsque l’on est parents. Même si le personnage principal n’est pas toujours clean, on ne peut qu’applaudir sa détermination et son courage.
Filmer un tel sujet peut-être casse gueule. Le metteur en scène suggère plutôt que montrer ce qui ne peut décemment être vu. Il s’attarde habilement sur des portes ou des rideaux se fermant derrière les jeunes victimes. Jim Caviezel prend les traits de Ballard ; tendu, son attitude est juste et passe beaucoup par le regard, son application est totale. Au titre de producteur exécutif, le nom de Mel « badass » Gibson n’est pas si surprenant. L’acteur est resté proche de Caviezel depuis le tournage de La Passion du Christ, il devait d’ailleurs rejoindre le casting s’il n’était pas pris par un autre tournage. Le film mène sa barque avec efficacité, avec une photo bien travaillée donnant une identité aux différents pays où l’action se déroule. On ne s’ennuie pas comme dans toute bonne série B et l’histoire est assez riche pour que l’on y croit, seuls quelques acteurs secondaires ont tendance à surjouer. Difficile pour le metteur en scène d’éviter les clichés et de ne pas se montrer manipulateur où tire larmes. Propos récurrents dans les critiques ; mais fichtre sur un tel sujet le but est de sensibiliser au maximum le public !Les chiffres donnés dans le film sur ce trafic sont ahurissants. Surtout lorsque l’on constate la véracité des sources. Les démocrates comme les républicains se sont emparés du film pour agrémenter leurs propos aux visions différentes. Dans l’histoire originale, l’Ukraine est également incriminée comme plaque tournante du trafic. En cette période troublée, certaines choses ne sont pas bonnes à dire. Les complotistes s’en mêlent accusant des satanistes d’être derrière tout cela. Pas sûr que le metteur en scène et le studio s’attendaient à ce genre de réactions. Manquerait plus que les platistes s’en mêlent…
Les polémiques auront fait autant de bien que de mal au film. Le positif est qu’elle a permis à Sound of Freedom une exposition internationale ainsi qu’une distribution à grande échelle. De négatif par le fait que la polémique fait forcément du tort à la gravité du sujet, quitte à repousser les spectateurs loin des salles. Le meilleur moyen de se faire une idée et de mettre de côté les préjugés et critiques négatives. Pour juger un film, rien de mieux que de l’avoir vu.