LE FLIC DE BEVERLY HILLS : AXEL F.
Beverly Hills Cop : Axel F. – Etats-Unis – 2024
Genre : Action, Comédie
Réalisateur : Mark Molloy
Acteurs : Eddie Murphy, Taylour Paige, Joseph Gordon-Levitt, Judge Reinhold, John Ashton, Kevin Bacon, Paul Reiser, …
Musique : Lorne Balfe
Durée : 117 minutes
Distributeur : Netflix
Date de sortie : 3 juillet 2024
LE PITCH
De retour à Beverly Hills pour enquêter sur des policiers corrompus, l’inspecteur Axel Foley fait équipe avec sa fille Jane, une avocate qui lui reproche son absence et son goût du risque, …
C’est l’histoire d’un mec…
Rescapé d’un development hell homérique, le quatrième volet du Flic de Beverly Hills débarque juste à temps pour fêter le quarantième anniversaire des aventures d’Axel Foley, flic grande gueule et casse-cou immortalisé par le comédien Eddie Murphy. Foncièrement nostalgique et tourné vers les fans, ce nouveau film produit par l’inoxydable Jerry Bruckheimer ne risque certes pas de révolutionner un genre mais déballe un hommage sincère et soigné à cette époque désormais lointaine où les comédies d’action criblées de « fuck », de fusillades sanglantes, de filtres et de bons mots régnaient sur le box-office estival.
L’idée d’un Flic de Beverly Hills 4 naît aux alentours de la fin des années 90. Avec une carrière déclinante qui le réoriente à marche forcée vers la comédie familiale et un public dont l’âge limite ne dépasse que très rarement les 10/12 ans, Eddie Murphy se montre de plus en plus critique avec le troisième opus sorti en 1994 et déclare publiquement que le film de John Landis est complètement raté. Et il faudrait se convertir fissa aux drogues dures pour parvenir à lui donner tort. Jamais drôle, mal rythmé, mal joué mis en scène avec une paresse de compétition et marqué par l’absence du duo Bruckheimer/Simpson à la production, Le Flic de Beverly Hills 3 fait indiscutablement peine à voir.
Avec Le Flic de San Francisco (Metro, en version originale), réalisé par Thomas Carter et distribué à l’hiver 1997, Eddie Murphy fait un premier pas vers le retour d’Axel Foley mais le public ne suit pas vraiment. Alors, l’acteur ronge son frein, à l’affût d’une opportunité. Et il n’a pas à attendre longtemps puisque le réalisateur Brett Ratner et le comédien Chris Rock s’emparent de la « formule » Murphy et rencontrent un franc succès avec la trilogie Rush Hour. Ratner est alors rattaché au projet et le restera jusqu’à la fin des années 2000, sans parvenir à se mettre d’accord sur un script. Tombé en disgrâce à Hollywood en raison de son comportement avec les femmes et enterré par la vague #MeToo, Brett Ratner cède sa place au duo belge Adil El Arbi / Bilall Fallah, lesquels viennent de ressusciter avec brio la franchise Bad Boys (elle-même inspirée du Flic de Beverly Hills, la boucle est bouclée). Une date est annoncée, un script est bouclé et le deal entre Bruckheimer et Netflix est officialisé. Retenus sur ce qui deviendra le fiasco Batgirl, les deux réalisateurs se retirent au dernier moment. Inconnu du grand public, le clippeur Mark Molloy est engagé, mettant ainsi fin à trois décennies d’occasions manquées. Il était temps.
Bad Boy
La question qui se pose forcément est : le résultat est t-il à la hauteur des attentes ? En un sens, oui. La plus belle réussite de ce quatrième volet est d’être parvenu à saisir l’essence même de la comédie d’action des années 80 selon saint Bruckheimer. D’un strict point de vue formel, Mark Molloy use à bon escient d’une photographie à l’ancienne (l’opposition entre tons froids et tons chauds), d’un découpage cut qui n’a rien d’inventif mais qui reste lisible et percutant en toutes circonstances et on jurerait que Martin Brest et le fantôme de Tony Scott sont venus lui murmurer des conseils de mise en scène tant les morceaux de bravoure semblent « d’époque ». La reprise de pans entiers du score d’Harold Faltermeyer et de tubes des bandes originales des deux premiers films (« The Heat is on » de Glenn Frey, « The Neutron Dance » des Pointer Sisters et « Shakedown » de Bob Seger) sonne juste et – l’essentiel est bien là ! – Eddie Murphy se glisse une nouvelle fois avec aisance et charisme dans les baskets d’Axel Foley, son interprétation se montrant à la fois familière et irrévérencieuse mais aussi marquée par le passage des ans. Pas au point d’en faire un dinosaure ou un papy dépressif comme ce fut le cas ces dernières années avec des icônes telles que Luke Skywalker et Indiana Jones. À 63 ans, Eddie Murphy en paraît dix ou quinze de moins et ne renonce ni à l’immaturité, ni aux « fuck » les mieux placés.
On regrettera seulement la légèreté d’un script beaucoup trop prévisible et formaté et le manque de place accordé aux vétérans (John Ashton et Judge Reinhold ne font que passer, Paul Reiser et Bronson Pinchot tirent leur épingle du jeu) comme aux petits nouveaux. Le tout au bénéfice d’un duo père/fille bien intentionné mais trop appuyé et qui pâtit du manque d’alchimie entre Murphy et Taylour Paige. Le cœur du film était sans doute ailleurs et on a souvent l’impression que producteurs, scénaristes et réalisateur sont un peu passés à côté, jouant la sécurité du clin d’œil facile. Plaisant, Axel F. s’oublie malheureusement aussitôt le générique de fin terminé. Pour autant, on ne dirait pas non pour qu’Eddie Murphy remette une dernière fois le couvert.