INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE
Indiana Jones and the Dial of Destiny – États-Unis – 2023
Genre : Aventure, Fantastique
Réalisateur : James Mangold
Acteurs : Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Antonio Banderas, Karen Allen, John Rhys-Davies, Shaunette Renée Wilson, Thomas Kretschmann, Toby Jones, Mads Mikkelsen
Musique : John Williams
Durée : 154 minutes
Distributeur : Disney
Date de sortie : 28 juin 2023
LE PITCH
1969. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l’estimé docteur Jones, professeur d’archéologie, est sur le point de prendre sa retraite et de couler des jours paisibles. Tout bascule après la visite surprise de sa filleule Helena Shaw, qui est à la recherche d’un artefact rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le fameux cadran d’Archimède, une relique qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. En arnaqueuse accomplie, Helena vole l’objet et quitte précipitamment le pays afin de le vendre au plus offrant. Indy n’a d’autre choix que de se lancer à sa poursuite. Il ressort son fedora et son blouson de cuir pour une dernière virée…
The Old Indiana Jones Chronicles
15 ans après un Royaume du crâne de cristal déjà en forme d’aurevoir et surtout plus de 40 ans après une première apparition historique dans Les Aventuriers de l’arche perdu, Indiana Jones revient pour une cinquième, et ultime, aventure cinématographique. Agé de 80 ans et des poussières ( !!!) Harrison Ford reprend le chapeau et le fouet de l’archéologue le plus intrépide du cinéma. Alors, est-ce bien raisonnable ?
Bien entendu, cet âge canonique est la question au cœur d’Indiana Jones et le Cadran de la destinée. Nouvelle chasse aux trésors à épisodes, nouvelle courses-poursuites contre le mal personnifié par des nazis survivants, nouvelle confrontation à un artefact qui remet en cause la réalité tangible de l’histoire et de ses mythes (ici donc une création fantasmée du mathématicien Archimède), mais où tout tend justement vers une remise en question de la place du décorum des Indiana Jones dans un nouveau monde, moderne. Fin des sixties, musique hippie, coupes afro, conquête de la lune et nouvelle génération qui ne cesse de balancer au visage d’Indy son âge et son obsolescence. En particulier Helena Shaw (Phoebe Waller-Bridge, pétillante et espiègle comme une indy-girl) qui renvoi autant le héros à sa famille perdu qu’à son athlétisme largement sur le déclin. La nostalgie est constamment présente, des motivations d’un méchant impeccablement incarné par Mad Mikkelsen (pouvait-il en être autrement ?) jusqu’à un scénario qui ne cesse de piocher allègrement dans les grands moments des opus passés. Quitte parfois à ressembler à une compilation amoureuse entre une nouvelle poursuite à l’intérieur et sur le dos d’un train, des cascades à motos dans des ruelles étroites, une invasion flash-éclair d’insectes géants dégueux, la découverte de quelques mécanismes vite débloqués…
Une petite histoire du temps
Nouveau réalisateur aux commandes de l’objet, James Mangold (Logan, Copland, Le Man 66) et ses co-auteurs, ont véritablement l’envie de bien faire et de composer un plat complet et satisfaisant pour les fans de la saga. Quitte à expédier un peu trop facilement quelques passages pourtant prometteurs comme cette séquence de plongée sous-marines et ses murènes voraces qui tournent vite court faisant se demander pourquoi avoir engager Antonio Banderas pour ce qui n’est devenu qu’un simple cameo. Mais James Mangold n’est pas qu’un gentil faiseur appliqué, il est aussi capable de retrouver avec fraicheur la magie d’antan par une superbe séquence d’ouverture dont la succession interrompue de péripéties, de chutes et de retournements font aisément oublier les limites du rajeunissement numérique, où même de projeter Indy dans un monde nouveau avec une poursuite catastrophe mais électrisante sur les toits de New-York, en plein milieu d’une parade pour célébrer les héros de l’espace, et qui s’achève dans une rame de métro bondée. L’esprit Indiana Jones est là. Surligné, brandit avec fierté et même auto-cité par un John Williams toujours présent, toujours inspiré, toujours enlevé, mais qui effectivement a, comme le film, un peu tendance à réorchestrer les anciennes partitions. Quelque chose qu’avait toujours réussit à éviter Steven Spielberg, même dans Le Royaume du crane de cristal qui continuait de faire des aventures d’Indiana Jones un terrain de jeu libre et coloré, léger et délicieusement pulp. On perd clairement dans Indiana Jones et le Cadran de la destinée, cet esprit « Tintin », cet humour de gosse et cette fluidité enfantine dans l’enchainement des morceaux de bravoures inoubliables.
Ici on ne se souviendra sans doute pas vraiment des scènes d’action, aussi efficace soient-elles mais sans doute surtout de la seule vraie prise de risque du film (pas de spoiler) qui met Indiana Jones face à son propre rapport à l’Histoire, son intégration dans celle-ci et du même coup son rapport à l’essentiel de sa vie. Idée aussi délirante et osée que touchante qui permet d’offrir au personnage une retraite, au calme et apaisée, bien méritée. On aurait espéré un baroud d’honneur comme un feu d’artifice, on a eu un final avec les honneurs… Ce n’est déjà pas si mal.