GODZILLA VS. KONG
Etats-Unis, Australie, Canada, Inde – 2021
Genre : Catastrophe, Fantastique
Réalisateur : Adam Wingard
Acteurs : Rebecca Hall, Kyle Chandler, Alexander Skarsgård, Millie Bobby Brown, Brian Tyree Henry…
Musique : Junkie XL
Durée : 113 minutes
Distributeur : Warner Bros. France
Date de sortie : 21 avril 2021
LE PITCH
À une époque où les monstres parcourent la Terre, et alors que l’humanité lutte pour son avenir, Godzilla et King Kong, les deux forces les plus puissantes de la nature, entrent en collision dans une bataille spectaculaire inédite. Alors que Monarch se lance dans une mission périlleuse en terrain inconnu, et qu’il découvre des indices sur les origines des Titans, un complot humain menace d’éradiquer ces créatures – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – de la surface de la planète…
Shadow of the Colossus
Le voilà enfin, l’ultime volet du monsterverse initié par Warner en 2014. Repoussé pour cause de pandémie, le cross-over entre le japonais Godzilla et l’américain King Kong débarque enfin sans virus, sans masque et… sans scénario.!
Voilà près d’un siècle que le singe géant a escaladé l’Empire State Building pour la première fois et 70 ans que le traumatisme atomique a vu naitre l’ère du Kaiju. 972 suites, préquelles, reboot, spin-of plus tard, Warner en manque de licences fortes à la Harry Potter se décide à reprendre les choses en mains à grand renfort de billets verts. Tout démarre sous les meilleurs auspices ; on est forcé de reconnaître que Gareth Edwards a su créer la surprise aux commandes de son Godzilla nouvelle génération. Amoureux des monstres (son premier film s’appelait tout simplement Monsters) il a su poser les bases avec un esthétisme soigné et un respect pour le matériau d’origine. La suite malheureusement, est vite formatée en blockbuster sans âme pour ados laissant ces monstres (très beaux au demeurant) livrés à eux-mêmes. King of the Monsters et Kong : Skull Island ayant rempli les caisses, Warner peut enfin lancer son choc des titans tant attendu en omettant de citer que cette rencontre avait déjà existé devant la caméra du papa de Godzilla, Ishiro Honda en 1963.
Maitre des illusions
Le pitch ? Un méchoui indigeste sans queue ni tête. Pas besoin de spoiler puisque les bandes-annonces révèlent déjà tous les grands moments. On retrouve donc King Kong sur un semblant d’île transformée en cage géante en mode Truman show. Pas grave, une petite fille sourde et muette avec qui, il va apprendre à communiquer lui rend régulièrement visite. Contrairement à l’adage, ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des gri… pardon, du langage des signes ! Mais rassurez-vous, Kong ne restera pas enfermé longtemps car les humains vont s’en servir comme guide pour aller au centre de la terre (Jules Verne bouche tes oreilles) dans de jolis petits vaisseaux spatiaux !! Des idées comme celles-là, le film en a encore d’autres en réserve mais on ne voudrait pas vous gâcher le plaisir de la découverte !!! Il faut reconnaitre que les histoires des Godzilla originaux ne brillaient pas non plus par leurs scenarii en béton. Mais ceux-ci, même tournés sans moyens, avaient l’honnêteté de s’assumer et de rester divertissants. Ici, les prétentions sont autres. Dès le départ on sent que ça cloche, on a ce sentiment d’un film fait à la vite sans réelle continuité avec les épisodes précédents. Même si certains des acteurs des opus précédents répondent présent, leurs personnages sont d’un vide atomique. Les monstres ont le culot de jouer mieux qu’eux. Le film égrène les poses obligées pour remplir son cahier des charges. Même si l’attendu Mechagodzilla est bien de la fête, on est en droit de lui préférer son apparition, même furtive, dans le révérencieux Ready Player One de tonton Spielberg.
Warner s’emmêle les pieds, aseptise son film. A l’heure japonaise, Godzilla était l’allié des adultes et l’ami des enfants. Ici, tout est fait pour plaire aux ados acheteurs de tickets. Le Kaiju le plus célèbre du monde est devenu le faire valoir de Kong. L’affrontement annoncé est bien là (dont un plutôt sympathique en pleine mer) mais le spectateur a depuis longtemps abandonné toute empathie pour qui que ce soit. Alors, avoir des monstres c’est bien mais peut-on pour autant se passer un tant soit peu de scénario ? Est-on devenus trop exigeant où est-on devenus « trop vieux pour ces conneries » ?
Aussi décérébrés que pouvaient être les autres films de ces franchises, ceux-ci (pour la plupart) avaient un véritable amour pour ces titans mis en scène. Malheureusement, à vouloir plaire au Dieu box-office, c’est une fois de plus l’amour de l’argent qui a pris le dessus. On en viendrait presque à réévaluer la version d’Emmerich (« la rédaction se désolidarise totalement de cette déclaration » NDLR). Quitte à voir des monstres se castagner, autant revoir le Pacific Rim de Del Toro. Même si celui-ci était imparfait, il payait au moins son dû à qui de droit. Mais ne soyons pas si négatif. Que ce soit pour Kong ou Godzilla, l’histoire nous a prouvé qu’à l’image des monstres mythologiques ils savaient renaitre de leurs cendres… Une fois de plus.