FALLOUT SAISON 1
Etats-Unis – 2024
Genre : Science-Fiction
Réalisateurs : Jonathan Nolan, Daniel Gray Longino, Clare Kilner, Frederick E.O. Toye, Wayne Yip
Acteurs : Ella Purnell, Aaron Moten, Kyle MacLachlan, Moisès Arias, Xelia Mendes-Jones, Walton Goggins, Sarita Choudury…
Musique : Ramin Djawadi
Durée : 472 minutes
Distributeur : Amazon Prime Video
Date de sortie : 10 avril 2024
LE PITCH
En l’an 2296, plus de deux cents ans après une guerre nucléaire, certains survivants se sont regroupés dans des abris souterrains, attendant la baisse des radiations en surface. Lorsque son abri est attaqué par des pirates et son père fait prisonnier, Lucy, une jeune femme un peu naïve, brave les interdits et se lance à leur poursuite, croisant la route de mutants, de pillards et les membres d’une secte militarisée, la Confrérie de l’Acier…
Les enfants de l’atome
Un an tout juste après The Last Of Us, c’est donc un autre classique du post-apo vidéo-ludique, Fallout, qui débarque en streaming sous la forme d’une série au budget visiblement généreux. Entre satire, humour noir, rétro futurisme et violence craspec, les huit épisodes chapeautés par Jonathan Nolan, Graham Wagner et Geneva Robertson-Dworet emportent largement le morceau … avant de trébucher dans sa dernière ligne droite par un excès de premier degré un peu hors sujet.
Apparue en 1997 sur PC sous la forme d’un RPG classique développé par la société Interplay, la franchise Fallout n’a cessé de muter et de se développer pour atteindre le titre largement mérité de jeu culte. Véritables succès d’éditions, Fallout 4 (2015) et Fallout 76 (2018) ont ainsi considérablement enrichi un univers post-apocalyptique pas vraiment comme les autres.
Picorant avec soin dans une mythologie foisonnante (et parfois contradictoire), les scénaristes de cette adaptation attendue avec une certaine fébrilité ont de toute évidence eu à cœur d’offrir au spectateur, qu’il soit un fan ou un nouveau venu, une expérience à la fois inédite et très fidèle aux jeux. Outre l’esthétique, le contexte et certains personnages, Fallout version Amazon singe habilement les mécaniques narratives d’un jeu vidéo pour les traduire en ressorts feuilletonnesques. En parallèle d’une quête principale (Lucy cherchant à retrouver puis à sauver son père des griffes d’une bande de pillards), les showrunners greffent successivement de nombreuses quêtes secondaires (la tête coupée d’un scientifique, des drogues, une pile à fusion, la vérité sur l’Apocalypse nucléaire et la construction des abris de Vault-Tec, etc …) et l’évolution dans la caractérisation des nombreux protagonistes ainsi que leur parcours émotionnel est on ne peut plus indissociable d’une montée en XP dans un jeu de rôle. Même si les ficelles sont plus que visibles, il faut reconnaître à l’équipe créative une certaine virtuosité dans la transposition d’un média à un autre, avec des enjeux clairs, un spectacle généreux, une direction artistique très soignée et un rythme soutenu. Mais là où Fallout fait clairement des étincelles, c’est dans le choix de sa tonalité.
Trois amigos
Passé un prologue décalé et terrifiant qui décrit avec une efficacité à faire froid dans le dos les premières minutes d’un bombardement nucléaire, Fallout fait le pari audacieux de s’amuser avec un univers bien loin du réalisme attendu. Avec son esthétique 50’s, sa bande-son rythmée par les standards de l’époque et des références en abondance aux westerns de série B, la série ressemble à s’y méprendre à un croisement entre du Paul Verhoeven (Robocop, Total Recall et Starship Troopers en tête), le John Carpenter de Los Angeles 2013 et tout un pan du post-apo transalpin et nippon. Les six premiers épisodes déroulent ainsi un bestiaire impressionnant de mutants, de mutilations et de détails joliment déviants qui donnent au show une fraîcheur de plus en plus rare et carrément enthousiasmante. Dominé par les prestations parfois hilarantes d’Ella Purnell et Walton Goggins, Fallout démarre donc sur des bases solides.
Hélas, la tentation de se servir de cette univers délabré et décadent pour répondre aux angoisses du moment est bien trop forte et les deux derniers épisodes se débarrassent de l’humour noir et de l’outrance pour une métaphore un peu trop solennelle sur les dérives du capitalisme et d’une société ultra-libérale qui taxe d’extrémisme (ou de communisme) ceux qui auraient tendance à la remettre en cause. Même si la véritable motivation derrière la Troisième Guerre Mondiale, révélée dans une scène qui rend judicieusement hommage à Dr Folamour, ne manque pas de piquant, le message est un peu lourd à digérer et jure avec la légèreté insolente de ce qui a précédé.
Surprise, les toutes dernières minutes promettent un nouveau départ et une nouvelle virée dans les terres irradiées. Malgré un soupçon d’appréhension, on a tout de même hâte de voir où cette seconde saison nous mènera.