FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER
The Falcon and the Winter Soldier – Etats-Unis – 2021
Genre : Super-héros, série, action
Réalisateur : Kari Skogland
Acteurs : Anthony Mackie, Sebastian Stan, Wyatt Russell, Erin Kellyman, Daniel Brühl, Emily VanCamp, Florence Kasumba
Musique : Henry Jackman
Durée : 300 minutes
Distributeur : Disney +
Date de sortie : 23 avril 2021
LE PITCH
Bucky Barnes fait équipe avec Sam Wilson, qui possédait le bouclier de Captain America avant de le remettre au gouvernement. Les deux hommes vont devoir faire face aux Flag-Smashers, un groupe terroriste cherchant à faire revenir le monde à son état pendant l’Éclipse, Ils sont également confrontés à John Walker, un ancien militaire choisi par le gouvernement et le Conseil Mondial de Rapatriement pour être le nouveau Captain America désormais possesseur du fameux bouclier.
Long live the Cap
Encadré par les beaucoup plus fantasques WandaVision et Loki, Falcon et le Soldat de l’hiver est presque passé inaperçu, se contentant plus modestement de personnages moins hauts en couleurs et d’une filiation affirmée avec la saga Captain America du grand écran. Mais la modestie doit toujours être perçu comme une qualité.
Pas de voyage à travers les réalités alternatives et pas de concepts narratifs azimutés (de toute façon gâchés à mi-chemin), pour Falcon et le Soldat de l’hiver programme diffusé sur Disney + à partir de mars 2021, offrant même une esthétique beaucoup plus austère que ses petites camarades. Une certaine forme de réalisme et une trame clairement plus proche de notre actualité qui n’est en définitive que le prolongement logique des trois opus cinéma estampillés Captain America. Adieu Steve Rogers, la question est désormais de savoir ce que fera Sam Wilson du fameux bouclier confié à ses soins par son meilleur ami, et que feront de ce lourd héritage les deux sidekicks Falcon et le Soldat de l’hiver alias Bucky Barns. Toujours incarnés par Anthony Mackie et Sebastian Stan (deux potes en coulisses), les héros doivent à la fois faire leur deuil du modèle disparu et reformer un nouveau duo volontairement inspiré des classiques du buddymovie. Même si leur animosité n’est que de courte durée, et ressemblent surtout à des chamailleries de gosses, il y a effectivement une osmose espiègle qui se met en place et qui fonctionne pleinement. Une ambition première qui cite L’Arme Fatale ou 48H bien entendu, mais aussi L’Arme Fatale 2 ou La Chaine de Stanley Kramer avec l’arrivée de Malcolm Spellman, créateur du carton Empire, à la place de scénariste et showrunner, et qui retrouve alors les bribes politiques et plus réflectives des films Captain America.
US Agents
Il n’est plus alors question uniquement pour Sam Wilson de savoir s’il s’estime à la hauteur de Steve Rogers, mais aussi quelle peut-être la place d’un Captain America noir dans l’Amérique d’aujourd’hui. Ses choix et le passif des questions raciales dans le pays font alors écho aux revendications, plus que légitimes, du mouvement terroriste Flag-Smashers et des questionnements de sa jeune leader Karli Morgenthau. Mais elles font aussi opposition à l’apparition d’un nouveau Captain America, outil purement propagandiste de l’armée américaine (faisant alors écho directement au premier opus dirigé par Joe Johnston), beaucoup plus enclin à une vision interventionniste et impérialiste. Bien moins manichéiste que le tout venant du MDCU, Falcon et le Soldat de l’hiver décrit un monde en dégradé de gris où même l’ancienne menace Zemo (Daniel Brühl) y trouve une place légitime d’électron libre et où la petite fille de l’Agent Carter, Sharon Carter (Emily VanCamp) se transforme en agent de l’ombre dans les ruelles de Madripoor. Si la série est certainement la plus profondément ancrée dans la chronologie officielle, elle est aussi la plus humaine, la plus réaliste (pas de super-pouvoirs démentiels au programme) et, osons le dire, la plus psychologique.
Parfaitement tenu sur ses six petits épisodes, Falcon et le Soldat de l’hiver n’est pas là pour en mettre plein la vue, la réalisation carrée et centrée de Kari Skogland (The Loudest Voice, The Handmaid’s Tales) restant poliment bien posée dans ses rails, mais réussit à faire honneur à l’héritage du Captain America cinéma. Un joli passage de flambeau.