65 : LA TERRE D’AVANT
65 – États-Unis – 2023
Genre : Science-fiction
Réalisateur : Scott Beck, Bryan Woods
Acteurs : Adam Driver, Arian Greenblatt, Chloe Coleman
Musique : Chris Bacon
Durée : 92 minutes
Distributeur : Sony Pictures
Date de sortie : 15 mars 2023
LE PITCH
Après un terrible crash sur une planète inconnue, le pilote Mills découvre rapidement qu’il a en réalité échoué sur Terre… il y a 65 millions d’années. Pour réussir leur unique chance de sauvetage, Mills et Koa l’unique autre survivante du crash, doivent se frayer un chemin à travers des terres inconnues peuplées de dangereuses créatures préhistoriques dans un combat épique pour leur survie.
Tout fout le camp !
Il y a des films qui déchainent l’animosité critique et publique. D’ailleurs il est bien rare que les deux soient foncièrement d’accord. L’unanimité est rare. Tels des irréductibles gaulois, certains arrivent tout de même à défendre ce que beaucoup considèrent comme des nanars.
65-La terre d’avant puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait tout du pitch alléchant sur le papier. Retrouver l’un des acteurs les plus hypes du moment dans un film mélangeant science-fiction et dinosaures, sponsorisé par Sam Raimi, le papa des Evil Dead a de quoi faire saliver. Quid des réalisateurs ? Les auteurs de la franchise franchement réussie des Sans un bruit. Tout s’annonce dans le meilleur des mondes pour l’un des projets les plus excitants du moment. Nous sommes en 2020. Le temps passe et… plus rien. Si le tournage a bien eu lieu entre décembre 2020 et février 2021, une sortie prévue en fin de cette même année semblait inéluctable. Pourtant, rien n’est annoncé malgré son budget dépassant les 90 m$. Entre reshoots et remontage, le vaisseau semble prendre l’eau et sa sortie estivale squatte les reports jusqu’à l’arrivée d’une bande-annonce timide en fin d’année 2022. Le spectateur potentiel ne sait trop s’il s’agit d’un film destiné à une plateforme quelconque ou d’un blockbuster boursoufflé pour une sortie technique sur grand écran. Le trailer ressemble déjà à un gros bordel ne sachant pas sur quel pied danser.
Plaisir (très) coupable
C’est donc en cette fin de premier trimestre 2023 que la chose émerge sur nos écrans. Que faut-il finalement penser de ce film ? Chef d’œuvre incompris ou nanar sans nom ? Encenser le film serait équivalent à se faire trainer au bûcher sur la place publique. Le traiter de merde ultime serait péjoratif si on le compare à d’autres titres squatteurs d’écran. Soyons honnête. Le film est bancal de partout. Les problèmes de production sont palpables. Le scénario est prévisible et l’action téléphoné. Une navette s’échoue avec deux survivants sur la planète Terre à quelques heures de l’extermination des dinosaures par la météorite Chixculub. Pas de bol. Le seul moyen de s’en sortir est de récupérer la navette de secours écrasée sur la montagne voisine à une vingtaine de kilomètres en plein territoire hostile de dinosaures patibulaires. Mise à part la dernière trilogie Star Wars, Adam Driver à tout fait pour casser cette image de star formatée pour billets verts. Sa carrière a prouvé plus d’une fois qu’il était l’un des acteurs (si ce n’est l’acteur) le plus prometteur de sa génération (Paterson, Mariage story, Blackkklansman parlent pour lui). Ce n’est pas pour rien si les plus grands réalisateurs se l’arrachent. Le retrouver en tête d’affiche de 65 laisse dubitatif. Il doit se coltiner une gamine à sauver qui ne peut que lui rappeler sa propre fille mourante laissée au pays. Il est d’ailleurs parti dans cette périlleuse expédition pour payer le traitement sensé la sauver. Le scénario exploite les ficelles plus grosses les unes que les autres où les surprises pointent aux abonnés absents. On aurait pu espérer un Adam Driver plus engagé mais il nous livre une interprétation au tarif syndical se souciant peu des incohérences scénaristiques. Là où l’on aurait souhaité un survival décomplexé déglinguant du dino à tout va, le film, pas forcement bien filmé, se retrouve pris dans le development hell dans lequel il s’est fourré. Hésitant entre pur film bourrin et aventure psychologique sans vraiment satisfaire l’un ou l’autre. Rien d’engageant à tout cela. Et pourtant. Quelques personnes dont votre serviteur savent se montrer particulièrement réceptif à ce genre de spectacle. Ses maladresses en font un divertissement décérébré plutôt agréable.
En quatre-vingt-dix minutes, l’histoire est torchée (sûrement une preuve supplémentaire des problèmes de production) et franchement, c’est sympa de temps en temps de ne pas devoir se taper un film de près de trois heures. Question surprise, il n’y en a pas. On sait exactement ce que l’on va voir sans attente particulière. Avouez que des fois, dans un moment de fatigue ça fait du bien de laisser son cerveau de côté et de prendre son plaisir avec un objet aussi coupable. Et celui-là est assumé.