YOKOHAMA STATION FABLE T.1
横浜駅SF – Japon – 2017
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Gonbe Shinkawa
Scénariste : Yuba Isukari, Tatsuyuki Tanaka
Nombre de pages : pages
Éditeur : Delcourt / Tonkam
Date de sortie : 03 janvier 2024
LE PITCH
La gare de Yokohama s’est agrandie au point de recouvrir 99 % de l’île principale du Japon. Seuls des heureux élus, à qui on a greffé une puce électronique, peuvent vivre dans l’intragare, et rares sont ceux qui habitent encore à l’extérieur. Hiroto, un exilé, a obtenu d’un mystérieux inconnu un « Ticket 18 » lui offrant un accès temporaire à l’intérieur. Mais il ignore encore que l’avenir de l’humanité est entre ses mains…
Infinity Tube
Avant de s’imposer du coté de la Fantasy, plus ou moins dark, avec les séries Wolf Won’t Sleep et Les Survivants d’Ormelion, l’illustrateur Tatsuyuki Tanaka avait fait ses premières armes sur Yokohama Station SF (pourquoi ce changement de titre en France ?), adaptation d’un roman SF concept explorant une station de métro devenue un monde à elle toute seule.
Une idée quelque peu étrange venue à l’esprit de Tatsuyuki Tanaka, alors biologiste sérieux dans la province de Fukushima, qui s’image romancier sur son temps libre. Grand bien lui a pris puisque Yokohama Station SF est rapidement devenu un succès éditorial au Japon, un classique moderne du genre, et a connu de nombreuses traductions de par le monde… et ce jusqu’en France puisqu’en parallèle du présent manga, Delcourt Tonkam propose aussi le roman original. Un manga qui se veut extrêmement fidèle en l’occurrence, concocté sous la supervision de son auteur et qui s’avère d’autant plus naturelle que se dernier avoue avoir transformer le pitch en roman uniquement à cause de ses limites en temps que dessinateur. Il faut dire que le titre repose énormément sur sa visualisation d’un monde clos, épuré, souvent froid, se répétant presque à l’infini comme une rame de métro qui ne se terminerait jamais. Dans un futur indéterminé, la gare de Yokohama s’est donc mise à se reproduire toute seule, à se démultiplier, à s’étendre, recouvrant désormais pratiquement l’intégralité du Japon sous une immense chape de béton, d’escalators et de revêtements blancs… et sans un métro à l’horizon. Pourquoi ? Comment ?
Pass Navigo Liberté
Le manga ne cherche pas vraiment les réponses et préfère suivre le voyage de Hiroto, né sur les abords de la structure et qui vient d’obtenir un pass de 8 jours lui autorisant à entrer dans la gare. Le témoin d’un monde étrange où tout a été réorganisé avec plus ou moins de logique autour de ce bâtiment presque organique, où les services de sécurité se marchent sur les pieds, ou les robots de surveillance tournent en rond, où les pirates et les grandes firmes courent après les mêmes restes du monde d’avan et où surtout tout, même la vie des enfants, a été monétisé. Un avenir pas si lointain du monde contemporain donc, que le dessinateur Gonbe Shinkawa aborde avec pertinence par une ligne claire, des décors épurés et une curieuse normalisation qui dénote souvent de l’absurde totale de ce macrocosme malade. Une narration qui prendrait presque alors des airs de journal de bord d’un voyageur en terre inconnue, s’étonnant des us et coutumes locales, des drôles d’habitudes des personnes qu’il croise ou des rares, et éphémères, compagnon de voyage, humain ou cyborg, qui viennent dévider quelques informations supplémentaires sur le background.
Un univers foisonnant mais qui écrase alors certainement par cette structure épisodique et ses déambulations libres, le protagoniste principal, assez lisse, et auquel il est assez difficile de s’attacher. Même réserve quant à la ligne principale, vague histoire d’une rébellion à laquelle Hiroto doit apporter son aide qui ne refait véritablement surface que dans les dernières pages de ce premier volume. A voir si pour les deux tomes à venir la trame se muscle un peu, mais le voyage au travers de la station de Yokohama est certainement un sacré dépaysement.