WYND T.1 : L’ENVOL DU PRINCE
Wynd Book One : The Flight of the Prince #1-5 – Etats-Unis – 2020
Genre : Fantasy
Scénariste : James Tynion IV
Illustrateur : Michael Dialynas
Editeur : Urban Comics
Pages : 256 pages
Date de Sortie : 20 août 2021
LE PITCH
À première vue, Wynd est un jeune garçon comme les autres. Il mène une vie tranquille à Pipetown, donne régulièrement un coup de main à la taverne locale tenue par sa mère adoptive et aime passer son temps libre à guetter le fils du jardinier royal qui ne le laisse pas indifférent. Mais Wynd a aussi un secret : la magie coule dans ses veines, et ses oreilles pointues en sont le signe extérieur qu’il ne doit sous aucun prétexte exhiber au grand jour.
Commeuh l’oiseau
Cinq ans après The Woods, le duo formé par James Tynion et Michael Dialynas se retrouve pour une nouvelle aventure jeunesse. Cette fois, ils s’engouffrent plus ouvertement dans un récit d’Heroic Fantasy bien plus classique, mais peut-être avec un regard plus poussé encore sur l’acceptation de soi et le droit à la différence.
Proposé dans la bien nommé collection Urban Kids, Wynd est une maxi-série ouvertement imaginée pour un lectorat de pré-ado / ado. Au-delà d’une tonalité dont la noirceur (présente) n’ira pas au-delà de certaines barrières et où le récit restera bien porté par une certaine linéarité, elle est surtout l’occasion pour ses auteurs de s’adresser à un public dont justement les préoccupations principales sont de trouver leur place dans le monde tout en réussissant à préserver leur identité. Une œuvre initiatique en somme où les destinées du jeune Wynd, Oakley sa sœur adoptive, ainsi que le prince du royaume et son jardinier, font échos régulièrement au quotidien des lecteurs : le rapport compliqué aux parents, l’acceptation de l’autorité, la réaction face aux injustices, la prise en main de sa propre vie, l’amitié et les premiers émois… mais aussi et avant tout l’affirmation de sa différence. C’est la thématique principale de Wynd qui décrit un royaume où toutes les créatures magiques, ou touchées simplement par la magie, sont poursuivies, persécutées, bannies ou éliminées. L’humain, normal, doit prévaloir, alors que la doctrine entonne le récit d’une guerre séculaire contre un ennemi pernicieux et un monde extérieur plein de dangers. Et Wynd avec son oreille pointue est forcément l’un deux et doit s’échapper de la ville pour ne pas tomber sous le joug d’un terrible mercenaire, aussi souple et tolérant que l’inquisition espagnole.
Émancipation
Un univers qui fut d’ailleurs imaginé par James Tynion IV alors qu’il n’était lui-même qu’adolescent et qu’il bataillait avec la découverte de son homosexualité et les difficultés que cela, malheureusement, implique. Le jeune Wynd, gamin au grand cœur, courageux mais toujours un peu fragile, résonne alors comme un avatar de l’auteur, et y gagne certainement en humanité et en crédibilité. Les quatre héros sont, de toutes façons, assez touchants, même le prince et ses caprices, et apportent avec eux des dialogues souvent assez justes qui donnent plus d’amplitude à une épopée fantastique qui ne charge pas, en dehors de ce « message », l’originalité à tout prix. Le décorum est finalement relativement connu, les créatures croisées aussi, mais James Tynion IV maîtrise parfaitement le déroulé, la sensation de danger et les multiples rebondissements qui vont s’engouffrer dans l’évasion de la petite troupe. Un premier tome des plus plaisants, dans lequel Michael Dialynas (Teenage Mutant Ninja Turtles, Lucy Dreaming) montre une nette amélioration depuis la découverte dans The Woods, où certes déjà le bestiaire affirmait un charme indéniable mais où les personnages humains manquaient souvent de substance. Ici ils s’offrent plus de caractère et de constance, même si le coté parfois un peu naïf de son design peu manquer d’un peu de mordant.