WONDERLAND LE MONDE D’APRÈS T.1&2
Wonderland #1-10 – États-Unis – 2012 / 2013
Genre : Horreur
Dessinateur : U Ken Marion, Sheldon Goh, Jacob Bear, Gerard Conte, Ej Morges, Francesco Di Pastena
Scénariste : Raven Gregory
Nombre de pages : 160 et 144 pages
Éditeur : Graph Zeppelin
Date de sortie : 13 juin 2023
LE PITCH
Il existe un royaume où la folie et le mal règnent. Un monde malsain qui n’a pas d’âge. Un lieu où, des années auparavant, son ancien maître, l’infernal Jabberwock, a été vaincu. Calie Liddle aurait aimé croire qu’elle était enfin libérée de l’influence néfaste du Pays des Merveilles. Elle aurait aimé croire que ce cauchemar avait pris fin… Elle aurait aimé avoir raison… Hélas, Calie et sa fille Violette, vont apprendre à leurs dépens que la défaite du Jabberwock n’était que les prémices d’un cauchemar sans fin et que le Pays des Merveilles ne cessera jamais de les hanter et qu’il va falloir s’adapter en permanence pour survivre à la folie de Wonderland.
Read Me (or not)
Grand spécialiste du détournement horrifique et sexy des contes les plus célèbres avec sa collection Grimm Fairy Tales, Zenescope tient clairement sa série la plus célèbre et la plus prolifique avec Wonderland, suite moderne et psychotique du célèbre texte de Lewis Caroll. Tellement prolifique que les héroïnes de cette nouvelle série sont ni plus ni moins que la fille et la petite-fille de cette chère Alice. Comme ils grandissent vite !
Entamé en 2008 avec Return to Wonderland, puis prolongé avec quelques mini-séries (toutes dispo chez Graph Zeppelin en France), l’univers revisité du Monde des merveilles pas merveilleux du tout passa en 2012 aux choses sérieux avec une série au long cours qui va se poursuivre jusqu’à un impressionnant numéro 50 ! Un nouveau format qui permet clairement de prendre de la distance avec le récit originel et de se démarquer du simple pastiche. Les évènements décris dans les premiers fascicules restent cependant bien présents en toile de fond puisque les pauvres Calie et Violettes sont toujours poursuivies par les émanations de cet univers parallèle où l’imaginaire ne semble prendre forme que dans les cauchemars de l’humanité. Le chapelier revient transformer tout ceux qui touche son chapeau en zombies, le lapin blanc n’en perd pas une miette, les jolies fleurs qui dévorent leurs victimes après une bonne soirée en boite… Et c’est surtout le frère de Calie, serial killer sur son temps libre, qui aimerait bien transmettre son savoir-faire à sa nièce. Des menaces qui tombent de toute part et des créatures qui envahissent de plus en plus le réel et le quotidien tandis que dans le lointain royaume la Reine de pique et la Reine de cœur (que l’on croyait anéantie) se lancent dans une nouvelle guerre à grande échelle.
La fête des fous
D’un monde à l’autre, Raven Gregory (signature incontournable de Zenescope) explore plus que jamais les frontières de cet univers, lui donne une épaisseur inattendue et amène le titre à ressembler à une série certes étrangement chaotique dans son acharnement, un peu brouillon dans ses successions de revirements et ses révélations sorties du chapeaux, mais indéniablement ambitieuse où le drame familial de deux femmes constamment hantées par leurs origines alterne, non sans heurts, avec un délire de Fantasy Goth. Si l’horreur pur et les délires outrageusement gores se font plus rares qu’autrefois et que les tenues outrancières voir indécentes se rallongent légèrement, c’est sans doute que Wonderland Le Monde d’après entend créer peu à peu quelque chose de nouveau, sans doute d’un peu plus mature, en tout cas de moins primaire. Le lecteur se prend au jeu, trébuchant d’un trou de lapin à l’autre, rencontrant un sociopathe après l’autre, et s’amuse forcément à reconnaitre des versions toujours aussi alambiquées et sadiques des personnages d’autrefois. Cependant, comme souvent avec l’éditeur, du coté du défilé d’illustrateurs le rendu est très aléatoire avec des planches parfaitement parfaitement calibrées, efficaces voir même joliment cauchemardesques, et d’autres aux styles très moyens, voir limite amateurs. Tous cependant semblent définitivement coincés dans l’esthétique des 90’s et en particulier les plastiques exacerbées de l’école Image baignant dans une colorisation lourdement numérique.
Mais malgré ces réserves, il est indéniable que Wonderland Le Monde d’après avance quelques arguments solides, un délire à la fois Bis et Z, psychanalytique baroque, qui lui offre une identité, dérangé, bien à lui.