WITCH WATCH T.1&2
Japon – 2021
Genre : Fantastique, Comédie
Scénariste : Kenta Shinohara
Illustrateur : Kenta Shinohara
Éditeur : Soleil Éditions
Pages : 384 pages
Date de Sortie : 19 octobre 2022
LE PITCH
Afin d’obéir à un antique serment, Morihito Otogi, un lycéen à la force surhumaine des ogres doit cohabiter avec son amie d’enfance, la sorcière Nico ! À peine revenue de sa formation en sorcellerie, elle rêve à de romantiques retrouvailles. Quant à lui, devenu le familier de la jeune sorcière, il préfère se concentrer sur sa mission : la protéger d’un désastre qui lui a été prophétisé…
Esprit familier
Troisième grande série pour Kenta Shnohara après la chronique loufoque Sket Dance et le voyage spatial Astra Lost in Space. Prépublié dans Shonen Jump depuis 2021, Witch Watch est un excellent retour à la comédie adolescente avec juste ce qu’il faut de magie en plus.
L’atmosphère générale de Witch Watch ressemble d’ailleurs effectivement beaucoup à celle de Sket Dance où quelques héros bien barrés s’efforçaient de régler les petits problèmes de camarades de lycée encore plus allumés qu’eux. Ici l’héroïne au grand cœur qui ne pense qu’à faire le bien autour d’elle, c’est Nico, apprentie sorcière maladroite qui plutôt que de rester discrète sur sa nature l’expose tout alentour au grand désespoir de Morihito. Ogre d’origine (mais ça ne se voit pas) et ami d’enfance, il a fait la promesse de la protéger d’une prémonition extrêmement inquiétante. Lui plutôt réservé, qui aime le calme, la sérénité et la solitude, doit faire face à un petit tourbillon de naïveté et de bonne humeur qui en plus, espère bien un jour voir ses rêves romantiques à son encontre se réaliser. Si on ajoute à partir du second tome un autre camarade, Kanshi, tengu doté de pouvoirs du vent, lui aussi décidé à aider Nico mais qui par nature déteste les ogres, on obtient là le menu complet d’un shonen à succès. Surtout que toujours aussi doué dans la mise en place de ses séries, Kenta Shinohara multiple déjà les personnages secondaires irrésistibles (la prof ultra geek, une métamorphe chat des plus jalouses…), les situations rocambolesques, les quiproquos à tiroirs, avec un rythme incroyablement soutenu.
La magie de l’amuuuuur
Tout s’enchaine très vite soit, mais le mangaka ne commet pas l’erreur de mettre ses héros dans une bulle dont ils ne sortiraient pas : leur romance laborieuse, leurs premières coopérations et la menace grandissante qui s’approche, prennent de l’épaisseur de chapitre en chapitre et accrochent aisément le lecteur de passage. On pourra targuer Witch Watch d’afficher une trame et des codes extrêmement classiques voir même prévisibles dans son mélange de comédie teenage, d’aventure fantastique et d’accents romantiques, mais la formule shonen est parfaitement assaisonnée. En outre, difficile de ne pas penser souvent ici à Rumiko Takahashi (Ranma ½, Urusai Yatsura…) dans les divers détournements de mythologies et croyances nippones, et dans la relation sentimentale au long court entre Nico et Morihito, parsemée d’incompréhensions, de jalousies et d’inévitables rendez-vous manqués à répétition dont un arbre sous lequel se donner rendez-vous assurerait un amour éternel… CQFD. Drôle, charmant, rythmé et même déjà parsemé de quelques simili-affrontements martiaux, Witch Watch a tout pour devenir à son tour un joli succès. Déjà à son quatrième tome au Japon, la série a en plus la qualité de montrer un artiste en plein progression, ayant largement ajusté depuis ses débuts son trait délicat, sa ligne épurée et ses contours assez réalistes, ajoutant du même coup beaucoup de charmes supplémentaires à cette petite troupe haute en couleurs.