Pas le leur non, mais un petit bébé découvert dans les bras du femme morte, noire, abattue par des pistoleros qui auraient préférés qu’elle ne soit pas découverte. Partis pour profiter pleinement du butin récupéré à la fin du première album, Gentil et Molly vont être obligé de faire une sacrée pose en route pour prendre en charge la petite demoiselle de quelques semaines à peine. Parents malgré eux, mais parents tout de même, qui doivent faire face à leur poursuivant tout en trouvant un peu de lait sur la route, un moment pour faire les changes tout en espérant que les pleures du nouveau-né ne se fassent pas trop entendre dans la forêt enneigée. Un joli petit attribut pour obliger nos deux héros, rois de la gâchette, amoureux éperdus mais adultes débutants, à se poser les questions qu’ils n’avaient pas encore eu le temps de se poser et de prendre en compte quelques notions de responsabilités.  Augustin Lebon (Le Grand Migrateur, Le Révérend…) fait doucement grandir ses personnages si attachants, malmène (gentiment) leur couple, et en profite pour s’attarder sur une autre réalité de l’Ouest.

Les feux de l’avant

Celle des riches propriétaires du Sud qui continuèrent à exploiter les anciens esclaves même après la guerre de Sécession, les contrôlant grâce à leur hégémonie économique et politique, et n’hésitant pas à faire appel à des milices armées comme les fameux Red Shirt. Gentil et Molly ont beau être des détrousseurs de banque (mais uniquement pour s’offrir leur propre restaurant), ils ont une certaine morale et vont prendre la défense de la petite contre la riche famille sudiste dirigée par une matrone tout en sourire et en haine. Un peu d’histoire et de noirceur dans une aventure à nouveau menée tambour battant, pleine de poursuites, de cavalcades, de dangers, de coup de feu et de déclarations enflammées, mais avec cette-fois (c’est annoncé dans le titre) un petit côté conte de noël loin d’être déplaisant par ses petits accents ironiques.  Cotés dessins, la prestation de Lebon est toujours aussi séduisante avec ses planches bien découpées, ses décors bien incarnés, son énergie communicatives et des personnages bien brossés dans un mélange plutôt lumineux d’Arleston et Loisel mettant toujours en avant l’expressivité.

Vite rangé par l’éditeur dans la catégorie western « young adult », Western Love vaut décidément bien mieux que ça. Juvénile et impétueux certes, mais jamais naïf ou mielleux, il incarne un bien charmant couple dans un hommage très réussi à l’esprit du western.