WE ONLY FIND THEM WHEN THEY’RE DEAD T.1
We Only Find Them When They’re Dead #1-5 – Etats-Unis – 2020/2021
Genre : Science-Fiction
Scénariste : Al Ewing
Illustrateur : Simone Di Meo
Editeur : Hi Comics
Pages : 144 pages
Date de Sortie : 07 juillet 2021
LE PITCH
2367, aux confins de la galaxie. Dans ce futur lointain, l’humanité a épuisé toutes ses ressources et doit sa survie à l’exploitation de dieux morts flottant dans l’espace, dont les cadavres gigantesques servent désormais de matière première. Le Vihan II est l’un des nombreux vaisseaux nécropsiques qui arpentent le cosmos dans l’espoir de trouver ces divinités providentielles. Mais Georges Malik, son capitaine, nourrit une obsession : pourquoi les dieux ne se révèlent-ils que lorsqu’ils sont morts ?
Colosses aux pieds d’argile
Malgré son titre à rallonge, parfaitement mis en valeur sur des couverture américaines monolithiques, We Only Find Them When They’re Dead est l’un des gros cartons comics de ces derniers mois. Près de 75000 ex vendus pour le premier numéro soit une place très convoitée pour un titre Space Opera sans un encapé à l’horizon.
Et du vrai space opera en l’occurrence, embarquant le lecteur quelques siècles dans le futur alors que l’humanité, dévoreuse parmi les dévoreurs a déjà réussi à venir à bout des ressources de l’espace connu, s’attendant, à nouveau à voir son empire s’effondrer. Mais l’apparition de dieux morts, sortes de Galactus errant dans le cosmos, va devenir une nouvelle manne, cadavres prêts à être découpés et transformés en matière première par des vaisseaux équarrisseurs. C’est dans ce contexte qu’apparaît l’équipage du Capitaine Georges Malik, joueur de seconde catégorie, qui échafaude un plan pour échapper à la surveillance des autorités, et s’embarquer pour une quête aussi mystique qu’avide : trouver un dieu vivant. Plus que jamais l’homme est ici microscopique face à son environnement et à ces colosses qu’il dépèce laborieusement entouré par un espace infini. Ayant déjà largement boosté et modernisé la licence Power Rangers chez Boom ! Studio, l’illustrateur italien Simone Di Meo est ici plus que jamais à son avantage, alternant les plans resserrés sur les personnages humains engoncés, enfermés dans leurs vaisseaux nécropsiques, débattant, se chamaillant pour quelques tonnes de viandes et de matières divines, et les visions grandioses d’un espace infini traversé par ces étranges corps flottants.
Face aux créateurs.
Aidé par les couleurs éclatantes et électriques de Mariasara Miotti, Di Meo compose un trip spectaculaire et donne corps à un univers grandiose, spectaculaire, mais qui n’oublie pas de définir et rendre vivant les quelques personnages centraux. Ici le récit tourne d’ailleurs essentiellement autour du Capitaine Malick et Richter, sorte de sheriff de l’espace intransigeante, et leur antagonisme ne se bornant pas à une simple entorse aux règles en vigueur. Un passif que l’on découvre peu à peu, par le bais de nombreux flash-back imbriqués, figure narrative préférée d’Al Ewing sur le titre. Créateur de la résurrection monstrueuse du colosse de jade dans Immortal Hulk, celui-ci pose un décorum alléchant, pleins de potentiel, mais curieusement ne semble pas assez confiant pour le laisser dériver naturellement. D’où sans doute cette accumulation de retours en arrière, d’inserts temporels, de rappels des évènements et de dialogues parfois répétitifs qui alourdissent inutilement une trame pourtant assez limpide au départ. Un surdécoupage, plongé dans une mise en page parfois alambiquée et décadrée, qui ne facile pas forcément la compréhension de certains passages. On se sent parfois un peu perdu dans We Only Find Them When They’re Dead, saga SF ambitieuse impressionnante dans sa démesure graphique, dans ses compositions aux échelles improbables, mais comme constamment retenue par une sensation de surplace qui confine au faux départ.
Maintenant que les choses sont vraiment lancées, espérons que la série trouve véritablement son rythme de croisière.