Même si les aventures de son super-héros avaient pu lui faire quitter la stratosphère terrienne à quelques occasions et la faille d’Oblivion Song permis d’explorer un monde alternatif, Robert Kirkman ne s’était jamais vraiment essayé au space opera. C’est chose faite avec Void Rivals qui pour le coup s’engouffre pleinement dedans avec ses deux planètes ennemies, considérablement appauvries par deux siècles de batailles, menacées autant par la disparition alarmante des ressources naturelles que par la menace d’un trou noir situé pile entre les deux. La question n’est même plus de savoir qui va gagner la guerre, mais qui pourra tout simplement survivre. Dans cette course effrénée aux matières premières, Darak et Solila, deux pilotes ennemis s’écrasent sur une même planète isolée et vont être forcés de collaborer et fusionner leurs vaisseaux afin de pouvoir s’en échapper. Naturellement, peu à peu les rapports s’adoucissent et sans tomber dans le piège du romantisme bateau, Kirkman fait naitre une forme de respect et de connivence entre les deux… en particulier lorsque chacun se rend compte que sous les casques se cachent les mêmes visages humanoïdes.

Cybertron en vue

Ce premier album est bien une introduction à un fresque beaucoup plus large, où chacun va devoir combattre pour la vérité sur sa planète respective et découvrir le terrible mensonge qui régit leurs vies à tous. Classique mais comme toujours avec l’auteur, rondement mené, bien agencé, efficace et prenant avec ces petites notes d’humour bien placées qui donnent un peu de réalité à ces civilisations lointaines. Déjà présent, et avec éclat, sur Oblivion Song, l’artiste Lorenzo de Felici (Orphelins, Kroma…) offre d’ailleurs une prestation très généreuse en décorum SF, en peuples aliens, en surfaces et vaisseaux venus d’ailleurs, mêlant son trait réaliste plein d’émotion et d’action, avec un mélange d’épure et d’efficacité particulièrement accrocheur. Et d’ailleurs, l’une de ses pleines pages ne présentent-elle pas un certain Jetfire se réveillant d’un long sommeil avant de se transformer pour repartir en quête de ses camarades Autobots ? C’est qu’en 2023 Skybound a acquis les droits des licences Transformers et G.I. Joe et entame ici une nouvelle refonte de l’univers partagé Hasbro.

En attendant les prochains albums dédiés à Duke et Cobra Commander en octobre, et alors que le 1^er tome du Transformers de Daniel Warren Johnson est déjà disponible (la chronique bientôt), Robert Kirkman et Lorenzo De Felici démontrent que cet Energon Universe n’aura pas pour vocation de s’intéresser uniquement aux licences stars, mais développera aussi ses propres titres et ses propres personnages interconnectés. De quoi effectivement piquer notre curiosité.