VENUS WARS T.1
金星战记 – Japon – 1986
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Yoshikazu Yasuhiko
Scénariste : Yoshikazu Yasuhiko
Nombre de pages : 510 pages
Éditeur : naBan Editions
Date de sortie : 18 juillet 2024
LE PITCH
À la suite d’une collision avec un immense astéroïde de glace au début du XXIe siècle, la planète Vénus devient habitable. Deux puissantes nations, Ishtar et Aphrodia, se sont créées mais restent constamment en conflit. Hiro, un jeune habitant d’Aphrodia, s’entraîne avec acharnement pour la course de moto « Rolling Game ». Sa vie se trouve bouleversée lorsque l’armée d’Ishtar débute une invasion de la capitale d’Aphrodia. Réquisitionné par l’armée, Hiro doit devenir pilote afin de protéger sa nation et changer l’avenir de toute la planète Vénus !
Reconquête
Après l’édition de son épopée mythologique Arion en trois imposants volumes, naBan poursuit son aventure avec l’illustre Yoshikazu Yasuhiko en proposant pour la première fois en France son second chef d’œuvre : Venus Wars. Une intégrale en grand format et en deux pavés de 500 pages pour rappeler la maestria de l’artiste et la force de son récit futuriste et guerrier.
Si quelques tentatives de publication furent opérées au début des années 2000 (avec Jeanne, Jesus et Gundam Origins, tous de retour bientôt !), Yoshikazu Yasuhiko est surtout resté connu en France pour son travail, considérable, dans le monde de l’animation. Comme designer et animateur sur la série culte Mobile Suit Gundam et certaines de ses suites, sur les anime de Crusher Joe mais les amateurs se souviennent surtout de leurs découvertes de ses propres adaptations d’Arion (parmi les premières grandes diffusions salles signées Kazé) et justement Venus Wars (autrefois chez HK Vidéo, aujourd’hui chez Dybex), grande production spectaculaire et intense. Mais une référence presque trompeuse tant ce film produit alors que le manga touchait à sa fin, se révèle finalement très différent de ce dernier. Le contexte d’une planète Venus colonisée dans un lointain futur et en proie à un affrontement meurtrier entre ses deux nations est bien entendu le même, les personnages sont bien reconnaissables et affichent des traits et des caractères identiques. Mais là où le film plongeait malgré eux toute la bande de bikers sportifs au cœur même de l’action dans un acte de résistance héroïque, le récit de la BD est beaucoup plus centré sur l’engagement d’Hiro et sur son rapport ambigu avec la planète qui la vue naitre et les rapports de force qu’il entretient avec les générations de colons précédents.
Dead Point
Le récit plus sombre encore de la perte de l’innocence, de la fin de la jeunesse bouleversée par la déflagration de la guerre certes planté dans un décorum futuriste et ultra mécanisé (où les motos armées remplaceraient les robots géants) qui fait souvent fortement pensée à Gundam, mais auquel le mangaka s’efforce constamment de donner un grand réalisme, une forte vérité, en ponctuant les évènements par des pages explicitant les mouvements de troupes, les enjeux tactiques et politiques en cours. Jamais pesant, mais crédibilisant et ajoutant une épaisseur supplémentaire à la tension qui se dégage des pages, une violente loin d’être gratuite, toujours marquée par un fatalisme des plus cruels. La guerre, la vraie, celle qui brise des peuples et des générations, sujet encore et toujours au cœur de l’œuvre de Yoshikazu Yasuhiko, à l’instar de son précédent Kurd no Hoshi, qui s’intéressait lui au conflit bien réel entre les kurdes et les turques. Une approche toujours forte, sans détour, véritablement bouleversante, qu’il a le talent d’habiller sous les oripeaux d’une grande aventure presque « teenage » avec son esprit de rébellion salvateur, sa bande de copains hauts en couleurs, sa romance adorable avec la mignonne Magi, ses cases humoristiques très shonen et surtout un sens du rythme et de l’action incomparable. Son apprentissage du coté des storyboard et de la réalisation nourrit à merveille le découpage de ses planches, toujours pointu, nerveux, percutant et fluide, insufflant de vraies sensations de mouvements. Une maitrise graphique bien entendu tout autant portée par la grâce de ses illustrations, la finesse des traits de ses personnages et le détail colossal apporté au moindre décors (cité en béton, no man’s land…), éléments mécaniques (motos, tanks…) et textures cendreuses venant concrétiser une planète lointaine très loin du paradis espéré.
Un grand classique de la SF japonaise, un chef d’œuvre de la BD enfin traduit en France. Incontournable.