VAMPYRIA INQUISITION T.1 : L’INQUISITEUR ET SON OMBRE
France – 2022
Genre : Fantastique
Scénariste : Victor Dixen
Illustrateur : Eder Messias
Éditeur : Soleil
Pages : 64 pages
Date de Sortie : 05 octobre 2022
LE PITCH
EN L’AN 1715 DE L’ANCIENNE ÈRE, le Roy-Soleil s’est transmuté en vampyre pour devenir le Roy des Ténèbres. Cela fait trois siècles qu’il règne depuis Versailles sur la Magna Vampyria, un vaste empire s’étendant à l’Europe entière. Son bras armé, l’Inquisition, frappe l’hérésie partout où elle se niche.
EN L’AN 299 DE L’ÈRE DES TÉNÈBRES, Sylvère l’humble jardinier et Daphné la noble lectrice de la baronne s’aiment d’un amour interdit au château de Torteval. Leur vie va voler en éclats lors de la visite d’un inquisiteur-vampyre, les emportant dans un tourbillon de magie noire.
Vampirisme absolu
Entamée en 2020, la nouvelle saga littéraire de Victor Dixen (Phobos) connait un succès retentissant auprès des « jeunes » lecteurs. Une dystopie vampirique qui fend d’ores et déjà d’un spin-of en BD chez Soleil avec Vampiyria Inquisition.
Consacré spécialiste de la littérature « young adult », comme on dit maintenant, Victor Dixen n’en est pas à son coup d’essai et connait un succès grandissant à chacune de ses nouvelles séries littéraires. Le précédent Phobos lui a même permis d’adapter lui-même ses livres pour une série de BDs en cours chez Glénat. C’est sans doute cette expérience plutôt réussie qui lui a donné l’idée et l’envie de se lancer dans Vampyria Inquisition. Comme son nom l’indique, ce nouvel album s’inscrit directement dans l’univers de Vampyria, dont le troisième tome vient de sortir, et qui imagine un monde effrayant dans lequel Louis XIV devenu vampire serait toujours roi de France et le seigneur d’un monde où les nosferatus règnent en maitre, perpétuant les inégalités sociales et la terreur des valeurs du XVIIIe siècle. Un monde figé dans le temps et dans le surnaturel où tente de survivre Jeanne Froidelac, jeune roturière dont la famille a été décimée. Pas de trace de cette héroïne ici, Vampyria Inquisition bien que de prime abord dédié aux fans premiers des bouquins se veut aussi une trame totalement indépendante et totalement accessible.
Nouvelles armes
Victor Dixen explore plus avant son univers, ses ténèbres et ses injustices, en s’intéressant cette fois-ci au destin tout aussi tragique de Sylvère, jardinier d’une noble famille qui rêve d’honneur à la cour du roi, et dont les talents d’artiste digne d’Edouard aux mains d’argent, vont attirer l’attention de la cruelle Duchesse de Cocagne, en fait une renégate décadente se moquant des lois. Là le pauvre va perdre sa dulcinée, ses yeux et sa liberté qui vont faire de lui à son tour un immortel capable de commander aux plantes. L’auteur signe ici une introduction certes finalement assez classique, mais très réussie qui offre une belle étoffe à Sylvère mais aussi à sa belle Daphnée et à l’insupportable Faustin, fils gâté de la famille dont le destin sera frappé d’une certaine ironie. Et en plus d’offrir un autre versant à ce monde des ténèbres hors du temps, L’Inquisiteur et son ombre vient approfondir le rôle des Inquisiteurs, toujours accompagnés de leur serviteur mortel pouvant donc œuvrer le jour, maitre de la loi pas si loin finalement de la figure du mercenaire, de l’assassin sous contrat, inflexible et impartial, mais pas infaillible. Une nouvelle aventure qui démarre plutôt bien, doté d’une atmosphère aventureuse et flamboyante admirablement portée par l’artiste brésilien Eder Messias qui malgré une colorisation numérique et des couleurs trop vives qui n’ont pas le même effet qu’un traitement en couleurs directes, affirme des accents romantiques et un trait ferme et expressif. Petite cerise sur le gâteau, ses planches ne manquent pas de belles références plus ou moins visibles allant de Castlevania au Dracula de Coppola en passant par une pleine page hommage à l’affiche de Vampires… vous avez dit vampire ? Preuves qu’on est entre de bonnes mains.