VALHALLA BUNKER T.1 : SWEET REVENGE
France – 2024
Genre : Action, Science-Fiction
Dessinateur : Fabien Bedouel
Scénariste : Fabien Bedouel
Nombre de pages : 64 pages
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 21 août 2024
LE PITCH
Une petite dizaine d’années après la destruction du Valhalla Hotel et la mort de Frau Vinkler, les nazis sont de retour. Le coach Malone, fraîchement libéré de prison, retrouve El Loco et sa bande. Dans cette nouvelle trilogie, nous quittons le soleil du Nouveau-Mexique pour nous retrouver quelque part en Alaska, dans un bled paumé : Cold Peak Harbor. Les nazis semblent y avoir installé leur base secrète dans une mine désaffectée. Leur nouveau Führer n’est autre que Tausend, la fille de Frau Vinkler qui, elle aussi, a bien changé !
Les antifas font du ski
Triptyque surprise signé Fabien Bedouel, alors encore accompagné par le camarade Pat Perna, Valhalla Hotel s’était achevé dans une explosion démentielle, un gros boxon plein de bons mots et de mauvaises fois et un massacre en règle, et légitime, d’un troupeau de nazi échappés d’un vieux roman pulps. Et le dessinateur remet le couvert deux ans plus tard avec une suite directe, Valhalla Bunker, premier tome d’une trilogie qui s’annonce tout aussi percutante.
Les nazis c’est comme les cafards : ça se loge partout, ça fait des dégâts pas possible et c’est manifestement increvable. On pensait ainsi le quatrième Reich de Frau Winckler atomisé à coup de tanks, d’hélicoptère, de missiles et de vannes douteuses et pourtant quelques années après un nouveau groupuscule de limités du bulbe renoue avec les vieux fantasmes. Et puis tant qu’à préparer sa petite apocalypse autant en profiter pour assouvir les bonnes vieilles vengeances. A peine sorti de prison le brave (pour ne pas dire concon) Mallone devient la cible d’assassins blonds platine, tout comme ses anciens camarades d’infortunes, qui rapidement prennent logiquement la décision de contre-attaquer. El Loco est devenu star de la scène métal, notre ami ex-coach de pongiste est passé à l’industrie porno (où il excelle à priori) et nos chères redresseuses de tors ont pris du gallon (FBI et black ops), mais l’esprit reste définitivement le même. A l’instar du bon vieux shérif de Flatstone qui a depuis eu les honneurs de gagner la présidentielle américaine, lui permettant d’assouvir son désir d’un nouveau look, abhorrant une magnifique mèche dorée du meilleur effet.
No booking
Les personnages sont donc toujours aussi frappés ou à coté de la plaque, et les dialogues entre bêtise crasse (Malone a vraiment un problème avec la sodomie) et sorties désabusées, font immanquablement mouche dans cette seconde aventure de pieds nickelés, cette fois-ci projetés dans les beaux décors enneigés d’Alaska où une mystérieuse entreprise, Izan (mmm mystère), à clairement pris le pouvoir dans un patelin reculé. Pas de soucis, une petite mission d’infiltration méga discrète et le tour sera joué… On n’est parfois pas loin ici du diner de con, ou du concours de gros boulets, mais Fabien Bedouel (Kosmos, L’Or et le sang…) sait ne pas se laisser écraser par le poids et le débit de ses personnages, et complète toujours les longues causeries de ses faux-héros par d’intenses scènes d’actions, bourrées de fusillades, d’explosion et de cadavres voltigeant dans tous les sens. De la grosse série B qui débourre mais avec un budget illimité et un second degré ravageur dans lequel excelle toujours autant l’artiste, affirmant son style aux lignes relativement épurées, mais à la dynamique et aux accélérations vives et percutantes.
Toujours aussi fun donc, aussi crétin aussi, hommage sincère et ironique à une certaine école de l’actionner américain, où comme se sont les fachos qui mangent, on ne peut que y trouver un certain plaisir.