Si Donald n’a plus besoin d’être présenté, sa version costumée sans doute un peu plus. Crée en 1969 par Guido Martina, ce Fantomiald, ou Paperinik en italien, était moins un hommage aux comics qu’au plus local Diabolik et tous ces descendants de fumetti. Régulièrement croisé dans les pages de Picsou Magazine et autres publications estampillées Disney, ce justicier bardé de gadgets (souvent empruntés à Geo Trouvetou) et combattant les plans maléfiques des rapetous ou sauvant in extremis, neveux, oncles et autres canards, était un bon moyen de montrer un autre versant de notre brave Donald, sans jamais se départir de ses nombreux défauts, dont une maladresse et une malchance exaspérantes. Mettant de coté la version trop moderniste des années 90/2000, ce nouvel album « à la française » produit par Glénat retrouve parfaitement je personnage d’origine dans quatre petites aventures pleines d’humour… et de cascades peu spectaculaires. C’est bien entendu par ce pauvre Donald que tout commence, lui qui doit désormais trouver un travail depuis que Picsou s’est mis en tête de lui faire payer un loyer. Non mais quelle idée !

Metro, boulot, rigolo

Paresseux comme pas deux et peu doué de ses euh… 8 doigts, Donald tente alors de reprendre du costume pour se sauver la mise. Peine perdue lorsqu’il détourne un gros sac d’or en hypnotisant le concurrent Flairsou. Pas beaucoup mieux lorsqu’il tente une carrière dans la publicité, devancé comme toujours par le cousin Gontran. Et même une nuit comme gardien de musée tourne vite à la catastrophe. Mais lorsque la ville est le théâtre d’une invasion de zombie réfrigérés, là Fantomiald peut enfin laisser éclater tout son talent. Si on retrouve immédiatement le sens de la comédie du scénariste Nicolas Pothier (Les Nouvelles aventures de Sarkozix, Robfox…) multipliant les jeux de mots et venant s’amuser d’un quotidien tout à fait humain et absurde, ses quatre petites historiettes semblent tout de même beaucoup moins originales que son précédent Mickey contre l’alliance maléfique, qui secouait plus volontiers l’univers archi-rabattu de Mickey et compagnie. Ici le but est manifestement de retrouver le ton plaisant et les gags à l’ancienne des magazines classiques. Surtout connu pour son travail depuis 1987 (!!) sur la série du Marsupilami, Batem délaisse un peu la jungle et les taches noires pour apporter sa touche franco-belge et légèrement cartoonesque à un petit monde habituellement plutôt italo-américain. Rien à redire les gags sont bien amenés, les planches solidement découpées et le style dynamique et joyeusement expressif fonctionne à plein.

Mais là aussi la prise de distance avec les planches toujours publiées en kiosques est tout de même très légère, faisant surtout ressembler l’album à un hommage un peu trop nostalgique. L’album, avec toujours le joli dos toilé et les effets de brillance sur la couverture, reste bien entendu très sympathique et tout à fait efficace sur les jeunes lecteurs.