UN DERNIER ÉTÉ AU CIMETIERE
France – 2024
Genre : Comédie dramatique
Dessinateur : SantaMatita
Scénariste : SantaMatita
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Ankama Editions
Date de sortie : 24 mai 2024
LE PITCH
Chaque été, tel un camping improbable, le cimetière se peuple d’une foule variée et hétéroclite. Chacun passe ses vacances dans les cryptes et les tombeaux familiaux, créant ainsi une communauté insolite qui partage joies et chagrins. Mais cette année, une annonce vient bouleverser les vacanciers : le cimetière doit fermer ses portes…
A nos chers disparus
Qui n’a jamais rêvé de passer un été au cimetière ? Ah personne… euh en effet. C’est pourtant l’idée saugrenue de SantaMatita, illustratrice, storyboardeuse et graphiste qui signe là un premier album plein de poésie, de soleil, et de fantômes.
Comme certains se retrouvent tous les ans au camping Les Tournesols, d’autres optent plutôt pour un séjour dans un gigantesque cimetière dont les cryptes accueillent durant les grandes vacances les familles qui veulent rester proches de leurs chers disparus. Des tombes, des parterres de fleurs et des plaques de marbres qui peuvent se transformer en domiciles secondaires, voir même en piscine quand les infiltrations d’eaux font des leurs. Un lieu de villégiature qui n’a rien de lugubre mais plutôt de lumineux, d’enjoué et de festif, puisqu’on y voit les anciens rouspéter sur les changements en cours et se remémorer inlassablement les mêmes histoires de familles, les couples qui amènent pour la première fois les gamins, qui eux se retrouvent selon les âges pas loin des tombes en ruines pour s’inventer de grandes aventures, ou à l’abri des regards pour flirter assidument. Et comme porte d’entrée, l’autrice introduit une nouvelle famille, franco-américaine avec leur petit garçon, dont la jeune mère a perdu subitement ses parents dans un accident et n’a pu assister à leurs funérailles. Ce séjour dans le cimetière est alors une manière pour elle d’entamer son travail de deuil et surtout de s’avouer l’immuabilité de leur mort.
Une fête des morts
Une chronique peuplée de nombreux personnages, de nombreuses situations et de parcours et dont les rencontres poussent à la discussion et à faire émerger ce deuil qui ne veut pas lâcher sa proie, celui qui ne demande qu’a s’exprimer et celui qui disparait peu à peu avec le temps qui passe. Tranches de vie plus que de morts, Un dernier été au cimetière est un voyage délicat porté par un graphisme tout en douceur, en mouvement et en candeur, et une colorisation toujours vive et chaude, festoyante, venant inévitablement rappeler de nombreux souvenirs de lointain congés, sous la tente, avec papy et mamy… Un soupçon de nostalgie souffle forcément sur les petits instantanés de cet album plein de charme et de fraicheur, bourré de petites émotions volées, parfois même délivrant quelques vérités sur la vie et sa finalité, ou dressant le très touchant portrait d’un adolescent découvrant son homosexualité. Une lecture certes éphémère, voir fugace, mais qui durant quelques bonnes minutes invitent à faire une pause, une vraie, à l’ombre un parasol, en compagnie de ceux qui nous manqueront toujours.