ULYSSE T.1 : L’AMOUR D’UNE DÉESSE
France, Italie – 2022
Genre : Aventure, Fantastique
Scénariste : Cosimo Ferri
Illustrateur : Cosimo Ferri
Éditeur : Tabou Editions
Pages : 64 pages
Date de Sortie : 10 mai 2022
LE PITCH
L’album relate le retour chez lui d’Ulysse, qui, après l’épopée de la guerre de Troie, rencontrera sur les flots maintes aventures envoûtantes, périlleuses et charnelles. Ce premier opus s’ouvre sur le naufrage d’Ulysse sur l’île de la sulfureuse nymphe Calypso. Tombée éperdument amoureuse de lui, Calypso réussit, par son charme certain, à le retenir sur son île, lui offrant même l’immortalité s’il consent à rester auprès d’elle.
Sur son 31
Après la trilogie consacrée à Achille et la Guerre de Troie, l’artiste italien Cosimo Ferri poursuit son exploration de la mythologie grecque en s’attachant désormais à l’odyssée d’Ulysse. Et comme précédemment, la version soft est éditée chez Graph Zeppelin et la version intégrale chez Tabou. A vous de choisir.
Après s’être fait connaitre avec la série policière et sulfureuse Mara, Cosimo Ferri réalisait un rêve de gosse (si on peut dire) en se lançant dans une nouvelle adaptation en BD du texte mythique d’Homère : L’Iliade. Un programme assez surprenant puisque l’artiste y faisait le choix de rester extrêmement proche du texte d’origine, quitte à insérer directement des citations en grecs, d’en résumer assez efficacement les grands épisodes, tout en y accentuant l’aspect déjà très présent de la sexualité. Achevé en trois albums, Achille laisse donc désormais place à sa suite logique avec la trilogie Ulysse nous permettant de retrouver le grand guerrier, stratège et héros épique, prisonnier depuis huit ans sur l’île de la nymphe Calypso. Ce premier tome mélange alors quelques flashbacks pour rappeler comment celui-ci en est arrivé là, quelles actions ont provoqué la Guerre de Neptune, tout en contant son départ, permis par l’intervention de Zeus en personne et son nouveau naufrage sur les rives du royaume de Nausicaa. En parallèle, le récit déjà bien épais prend aussi le temps de revenir sur la situation inconfortable de la belle Pénélope, entreprise parfois lourdement par ses prétendants, et la quête du jeune Télémaque pour retrouver son père.
De bonnes escales
Un scénario au sérieux indéboulonnable, doté d’une certaine prestance et que Cosimo Ferri accompagne sans doute très volontairement de postures et d’une mise en scènes des plus théâtrales. On n’est jamais très loin ici des péplums d’antan ou des célèbres séquences de Jason et les Argonautes et Le Choc des titans où des dieux en toges, capricieux et joueurs, manipulaient les pauvres terriens envoyés combattre quelques créatures en stop-motion. L’Amour d’une déesse reste encore plutôt réservé sur les élans fantastiques et spectaculaires, mais cultive un même classicisme fantasmé, porté admirablement par ses illustrations peintes à la main, travaillées à base de lavis d’aquarelle et de peintures à l’huile. Entre réalisme et conte oral, l’esthétique d’Ulysse est parfaitement rendu incarnant dieux, héros et créatures aux corps parfaits dans des décors échappés d’un livre d’histoire ou d’une reconstitution italienne… Mais avec bien entendu une attention toute particulière apportée aux pratiques sexuelles de tout ce beau monde. Les textes n’ont d’ailleurs jamais trop fait de mystère sur les attitudes libérées et libertines de ces personnages aux pulsions des plus charnelles, et le dessinateur s’en donne à cœurs joies dans quelques planches on ne peut plus explicites et frontales. Bonne nouvelle pour les appétits pervers de certains lecteurs, les autres plus prudes, se tourneront vers Ulysse : Prisonnier du destin, équivalent expurgé de la petite vingtaine de pages de fesses à l’air et de galipettes en tous genres, édité chez le plus respectable Graph Zeppelin.