ULTRAMEGA T.1
Ultramega #1-4 – États-Unis – 2021
Genre : Super-héros, Scicen-Fiction
Scénariste : James Harren
Illustrateur : James Harren
Éditeur : Delcourt
Pages : 216 pages
Date de Sortie : 19 octobre 2022
LE PITCH
Un fléau cosmique s’est propagé, transformant les gens ordinaires en kaiju hyper-violents et monstrueux. Seuls les UltraMegas, trois individus dotés de pouvoirs incroyables, peuvent faire front face à cette déferlante de destruction. Leurs batailles détruisent des villes et sèment une horreur indicible dans leur sillage. Mais est-ce une guerre qu’ils peuvent gagner ?
King of Monsters
Après ses prestations sur Conan, BPRD, Rumble et un déluge de covers chez Marvel, James Harren s’arrache en solo pour un Ultramega maousse costaud plein de sang, de fureurs et de monstres géants. Un tokusatsu mutant.
Si Panini propose actuellement une version comic, mais très officielle, du mythique Ultraman, l’artiste James Harren explore lui aussi à sa façon un héritage nippon dégusté des années durant à la télévision et au cinéma. Un artiste toujours fasciné par les monstres et les croisements improbables qui déverse ici son appréciation des récits de héros bondissants japonais et des performances destructrices des kaiju, ces titans initiés par le radioactifs Godzilla. Forcément, incroyablement spectaculaires, les planches délivrent des combats stratosphériques, ultra vifs, dévastateurs et surtout d’une rare barbarie, les bâtiments atomisés à chaque impact se mêlant aux masses de chairs arrachées et aux flots de sangs déversés pouvant même provoquer une inondation biblique. Pas étonnant que l’album soit d’un format plus large que celui des comics habituels, et que la pagination de chaque chapitre soit doublée par rapport à la norme : Ultramega est là pour en mettre plein la gueule et multiplier les affrontements fatidiques et les visions grandioses, entre horreur apocalyptique lovecraftienne et rage bestiale à la Evangelion. Un comic qui défouraille méchamment donc, performance visuelle sidérante qui manie aussi bien l’épique grandiloquent que le ridicule assumé, mais qui s’efforce tout autant de développer un univers qui lui est propre.
Neon Genesis
Celui d’un futur ravagé après l’ultime échec d’un Ultramega en bout de course, épuisé par ses multiples combats et un quotidien grisonnant, où les quelques survivants repoussés hors des frontières de la ville doivent faire face à la montée d’une secte d’adorateurs de kaiju menés par des monstres… désormais très complexés par leur taille réduite. Cela n’enlève rien à la dangerosité de ce désert de béton où le jeune Noah va découvrir ses nobles origines à la dure (et dans une arène morbide) avant de faire à son tour un étrange pacte avec un œil géant envoyé par Atum Ultramega, esprit protecteur de l’univers autoproclamé. En définitive rien n’est vraiment glorieux dans Ultramega où les héros sont tous tombés lourdement, massacrés dès les premiers chapitres et les méchants s’apparentent plutôt à des restes pathétiques, des rejetons bizarroïdes rêvant d’une nouvelle gloire à bord de robots géants. Même la mythologie cosmique des Ultramega semble être vérolée à la source. Désespéré mais pas que, car comme pour Rumble, alors écrit par John Arcudi, la violence décrite, l’âpreté de l’univers et la noirceur sans pitié des évènements se mêlent constamment à une tonalité déconnante, jamais très loin de l’auto-parodie et du grand guignol.
Forcément avec tout cas, le plat est parfois un peu lourd à digérer, James Harren étalant plus ou moins tout ce qu’il a en main sur la table et pas toujours dans le bon ordre, mais ce gigantesque chaos est indéniablement fun et particulièrement imposant. Une grosse bonne claque dans les dents.