TRANSFORMERS / G.I. JOE : 1939
Transformers / G.I. Joe #1-6 – Etats-Unis – 2003
Genre : Guerre, Science-Fiction
Scénariste : John Ney Rieber
Illustrateur : Jae Lee
Editeur : Vestron Comics
Pages : 160 pages
Date de Sortie : 19 avril 2024
LE PITCH
Dans cette uchronie, Cobra ravage l’Europe de 1939 en utilisant les Decepticons…
Les États-Unis créent et déploient la force d’intervention G.I. JOE pour aider ses alliés et former une alliance avec les Autobots…
T Day
Faisant partie du même univers depuis le crossover très toys Revolution, les robots géants de Transformers et les militaires super-héroïques de G.I. Joe n’ont de cesse de se croiser en comics (et même récemment au cinéma !), comme c’est le cas ici pour une mini-série en six chapitres. Petite nuance cependant l’action se déroulent cette fois-ci à l’aube de la Secondaire Guerre Mondiale et est illustrée par le génial Jae Lee. Et ça change tout.
Toutes deux fières licences du fabricant Hasbro, Transformers et G.I. Joe sont véritablement les deux célébrités de la gamme et celles qui, en plus de connaître plusieurs transpositions au cinéma, sont le plus souvent le cœur et le moteur des nombreux comics dérivés. Énième rencontre donc, mais que le scénariste John Ney Rieber (Books of Magic, Tomb Raider, Captain America) transporte dans un cadre inédit, celui de la Seconde Guerre Mondiale. Et forcément lorsqu’un agent de Cobra tombe nez-à-nez avec un Decepticon oublié dans les ruines d’un temple, les évènements prennent une tout autre tournure. Une nouvelle alliance dans le mal et la destruction généralisé : les deux groupes ont d’ores et déjà ravagé et conquis dans le sang toute l’Europe lorsque l’album débute. Ne reste plus qu’une poignée de soldats, envoyés en mission suicide sur la base de leurs ennemis jurés, découvrant justement sur le tas l’imposante supériorité de ces ennemis de métal. Ce n’est finalement qu’assez tardivement que les G.I. Joe rencontreront à leur tour Optimus et les autres autobots, aux designs forcément revus pour les circonstances.
Top secret mobile strike force team
La science-fiction reste plutôt bien en retrait, la série préférant certainement l’atmosphère cendreuse, les attaques nocturnes et la sécheresse d’un récit de guerre. D’ailleurs en dehors d’un Snake Eyes plus mystérieux et agile que jamais, les G.I. Joe ressemblent vraiment à des marines presque normaux, des bidasses qui ne se font pas d’illusions quant à l’issue de la mission et leur statut de chair à canon. Construit en ligne droite comme une lente avancée militaire ce Transformers / G.I. Joe : 1939 s’avère ainsi particulièrement efficace, caractérisant juste ce qu’il faut les personnages principaux humains (Scarlett, Duke, Bazooka…), replaçant brièvement la mythologie des Transformers (leur bataille millénaire sur leur planète d’origine), pour se laisser emporter par l’action, soldats contre soldats, machines contre machines et autres combinaisons. Purement et simplement. Divertissant donc, mais là où une telle approche très série B aurait pu donner naissance à un comics quelconque sous l’impulsion d’un illustrateur anonyme, elle devient un véritable terreau créatif pour le dessinateur Jae Lee (Inhumains, La Tour sombre, Fantastic Four 1234). Un style visuel des plus tranchés, extrêmement stylisés et aux couleurs presque uniformes, sombres, opaques et inquiétantes, qui aboutit à des planches spectaculaires, élégantes mais constamment crépusculaires. Un petit quelque-chose même de l’impressionnisme allemand dans les postures des personnages, dans la brutalité anguleuse des machines ou dans les angles choisis qui vrillent vers le gothique lorsque Destro ou le Commandant Cobra, apparaissent au milieu des blocs de roches de leur base souterraine. Il faut alors citer aussi le nom de Dan Figueroa, dessinateur plus classique et habitué des séries Transformers, qui a livré ici un excellent travail de design préparatoire en fusionnant les véhicules militaires des années 30 avec les fameuses machines et en réinventant les Joes à la mode World War II.
L’affrontement déséquilibré mais épique entre les petits humains et les créatures de métal devenues bêtes fauves, tanks massifs ou bombardiers dévastateurs, en deviendrait mythologique.