TOO BEAT T.1, 2 & 3
Too BEAT ツービート – Japon – 2021
Genre : Action, Humour
Dessinateur : Shirô Yoshida
Scénariste : Buronson
Nombre de pages : 192, 192 et 192 pages
Éditeur : Mangetsu
Date de sortie : 15 mai 2024
LE PITCH
Quand vous êtes dans l’embarras, confiez-leur votre problème !! Dans un coin tranquille de Shinjuku à Tokyo, l’homme à tout faire connu comme le « homme le plus malchanceux du monde », Hageo alias Washiyama Hageo, gère son service d’aide, accompagné du flic voyou Okura. Ce duo d’âge moyen, où l’un excelle en force physique et l’autre en intelligence, résout divers problèmes !!
City hunters
Nouvelle œuvre du boss Buronson, créateur de Ken Le survivant, Sanctuary ou Strain, Too Beat est un nouveau polar hard boiled bien ancré dans la capitale nipponne. Enfin, un polar mené par deux loosers carrément embarqués dans une arnaque géante qui leur passe totalement au-dessus de la tête.
On ne présente plus Buronson, ce grand patron du seinen souvent particulièrement corsé, surtout assez sombre, violent et sexualisé. De la BD « d’hommes » comme dirait tonton germain qui forcément retrouvera une bonne partie de ses bases dans les premiers chapitres de Too Beat, petites balades particulièrement bien servies par le dessinateur Shirô Yoshida (au trait épais qui rappelle celui de Masayuki Taguchi de Battle Royale) dans les quartiers chauds de Shinjuku. Au milieu des bars à travestis, des voleurs à la tire, des pauvres SDF, des pervers et gangs de délinquants, apparait un duo atypique : Hideo, brave gars sans un rond, sans cheveux, mais avec beaucoup de bonne volonté, et Ookura, flic peu honnête qui passe plus de temps à zoner qu’à bosser. Pas franchement des gueules de héros, et pourtant les voilà à protéger une gamine délurée qui se jette dans les bras de malfaiteur pour venger une sœur… qui n’existe pas. Entre la riche peinture d’une ville cosmopolite, haute en couleurs et habité de personnage marginaux, la présentation initiale d’une succession de petites affaires éparses (la gamine, un serial killer, le fils d’un flic qui veut vivre son identité de femme, une vielle dame qui attend un inconnu dans le parc, la vengeance d’un fils de restaurateur…) et le second degré qui l’habille constamment, on pourrait presque se croire parfois dans une version parallèle des aventures du célèbre Nicky Larson de Tsukasa Hojo… L’humour cartoon et l’érection géante en moins.
Les arnacoeurs
Cela n’empêche pas ces premiers chapitres de fonctionner à plein, autant grâce à l’aspect parfois presque documentaire que par les caractères bien trempés, et très attachants, des protagonistes. En particulier le sympathique Hideo, poissard invétéré, ex-combattant de la MMA mis en taule pour des raisons que l’on vous laisse découvrir, toujours motivé finalement par son grand cœur qui finit souvent par le mettre dans l’embarra. Avec les nombreux mystères qui entourent son passé, presque aussi épais que ceux que traine la jeune Mai, leur première « cliente », Too Beat avait tout en main pour devenir une longue série épisodique. Mais dès le début du second volume, Buronson met en place une trame globale beaucoup plus complexe qui va peu à peur tirer des liens avec la guerre de Corée et la question de l’occupation militaire américaine au Japon, et s’embarque dans un récit à tiroir bourré de twists, de traquenards et de secrets de famille sur fond d’entourloupe industrielle. Plutôt ambitieux, mais on a tout de même parfois l’impression que l’écriture va presque trop vite et qu’il manque justement en intercalaire quelques petits épisodes plus légers pour faire office de respiration et mieux développer les relations entre les personnages. Un peu comme si Too Beat avait été prévu pour une publication beaucoup plus longue et que les désidératas de l’édition avaient obligé à accélérer de sa diffusion. Avantage de cet inconvénient, la série s’achève en trois volumes, et ces derniers sont proposés en simultanés par l’éditeur français Mangetsu.
Une jolie petite découverte tout de même entre polar d’action et aventure picaresque, entre violence réaliste et grands sentiments qui confinent parfois au mélodrame, et qui se lit d’une traite… Peut-être juste un petit peu trop vite donc.