THE WITCHER : LA COMPLAINTE DE LA SORCIERE
The Witcher Volume 6: Witch’s Lament #1-4 – États-Unis – 2021
Genre : Aventure, Fantastique
Scénariste : Bartosz Sztybor
Illustrateur : Vanesa Del Rey
Éditeur : Urban Comics
Pages : 104 pages
Date de Sortie : 16 septembre 2022
LE PITCH
Les flammes s’élèvent alors qu’une sorcière brûle sur le bûcher. Geralt, en quête de sa prochaine mission, reste hanté par les images de cette fatale exécution, comme une menace sourde. Aussi, lorsque la fille d’un riche notable semble avoir été kidnappée, le sorceleur comprend rapidement que sa quête n’est pas une simple mission de sauvetage… Quelque chose le ronge de l’intérieur, quelque chose auquel il ne peut échapper.
Don’t Judge a Book…
Quatrième volume des éditions françaises du comics dédié à The Witcher, adaptation du célèbre jeu vidéo, lui-même adapté des désormais célèbres romans Le Sorceleur. Un one-shot ou une mission de plus pour Geralt, mais qui plutôt que l’opposer à une simple créature monstrueuse, le confronte surtout à sa propre culpabilité. De mâle et d’assassin.
Toujours difficile de placer ces extensions de licence que sont les comics de The Witcher, affichés comme des suites ou compléments du fructueux The Witcher III de CD Projekt, mais dont on sent souvent que les auteurs tentent justement à extraire des codes du jeux vidéo pour les rapprocher plus ouvertement des sources littéraires. C’est clairement le cas ici, sans doute parce que le scénariste, Bartosz Sztybor, ancien collaborateur récurent chez le label 619 (Janitor, Doggybags) est lui-même romancier et d’origines polonaises de surcroit. Totalement détaché de quelconques détails chronologiques, La Complainte de la sorcière reviendrait presque à l’esprit des premiers textes d’Andrzej Sapkowski où la succession de courts récits venaient peu à peu étoffer l’univers et la nature même du sorceleur. Ici engagé pour éliminer une sorcière accusée d’avoir tué plusieurs hommes d’un village, on découvre le héros face au bucher sur lequel celle-ci est en train de brûler, hurlant de douleur et accusant Geralt d’avoir tué une innocente. En restant quelques heures de plus dans les lieux, celui-ci va peut à peut découvrir que la version qu’on lui avait servie n’était sans doute pas totalement fidèle à la vérité, et que la disparition de la fille du notable local est certainement liée à tous ces évènements.
Un contrat comme un autre
Un mystère presque policier où va affleurer une réflexion sur la condition féminine, la société patriarchale, la barbarie masculine et la loi du silence et son acceptation qui l’entoure. Forcément souvent plus progressif et humain que ses congénères, Geralt à fort à faire avec des visions cauchemardesques et la culpabilité qui l’assaillent, et se retrouve lui aussi à composer avec des désirs de vengeance on ne peut plus légitimes. Doté d’une ambiance lourde et de thème pas franchement joviaux, l’album retrouve aussi le sens du détournement des romans en l’amenant dans Le Cercle des lamentations, organisation féminine en forme de thérapie de groupe un poil mystique. Plutôt fidèle à l’univers de The Witcher en particulier dans sa volonté de pousser plus avant la psychologie du personnage et son regard sur le monde, l’album est cependant parfois assez difficile d’accès à cause d’un traitement visuel assez lourd et épais. Artiste au style assez marqué, jouant souvent justement la carte de l’onirisme magique et de l’évocation émotionnelle, Vanesa Del Rey appuie encore plus ses contours, grossit son encrage, les ombres et les stries, plongeant le tout dans des compositions où se mélangent les bords de cadres, les cases et les effets de style. Pas toujours très lisible, très alentour dans ses rendus, voire carrément brouillon dans l’expressivité des visages et les détails du décor, les planches privilégient une atmosphère ténébreuse et étouffante, mais ne servent pas vraiment le texte et c’est bien dommage.
ce.