THE PRISM T.1 : BURN !
Italie – 2021
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Matteo De Longis
Scénariste : Matteo De Longis
Nombre de pages : 184 pages
Éditeur : Oxymore Editions
Date de sortie : 12 juin 2024
LE PITCH
La Terre, dans un futur proche. La pollution sonore menace de détruire la planète. Et si le dernier espoir de l’humanité était le rock ? A la surface de la Terre, des espaces immenses sont recouverts par le « Smoke on the Water ». Ce phénomène, lié à la pollution sonore, efface la vie où il passe… et son terrain de jeu s’accroît sans cesse. La dernière option pour le contenir provient d’une immense mégacoporation : il s’agit d’envoyer dans l’espace un supergroupe de rock pour un concert hors du commun. Tel est l’objectif du projet Prisme, visant à réunir les meilleurs musiciens de la planète pour sauver la vie sur Terre et enrayer le Stow. Sauf qu’il n’est pas si simple de créer une osmose entre les talents, même lorsque l’enjeu est immense…
Ground Control To Major Tom
Illustrateur et cover artist pour des albums concepts comme Skydoll, Les Filles de Soleil ou quelques commandes chez Marvel, Matteo De Longis passe aux choses sérieuses avec The Prism sa première véritable création. Un concept SF et musical entièrement dévoué à sa démesure graphique.
Dans The Prism, la polution qui menace la terre d’extinction est sonore. Une répercussion d’une société entièrement tournée vers les médias, les réseaux sociaux, la reconnaissance publique et l’industrialisation de l’art. Des nappes noires qui glissent peu à peu sur toutes les eaux, appelés « smoke on the water » (tu as la ref ?) qui ne peuvent être stoppées qu’en frappant le mal avec le mal : la musique, à fond la caisse et le niveau sonore au maximum. Imaginé comme une ultime tentative pour stopper l’hémorragie, The Prism se veut le groupe musical ultime, constitué des artistes les plus doués et les plus en vogues, réunis pour une odyssée à travers l’espace afin d’enregistrer le meilleur album du millénaire. Pitch improbable ? Pas tant que cela puisque sous des dehors de fantasmes d’accro à la musique rock-pop, The Prism n’est pas si bling-bling que cela et multiplie les parallèles avec les vrais dangers qui menacent la planète et un système militaro-industriel qui s’érige lui même en sauveur des catastrophes qu’il a causé. Quitte d’ailleurs à enfourner un budget si colossal que toute l’économie mondiale se retrouve dans la balance.
Ainsi parla le multimédia
Encore assez caricaturaux et pouvant être aisément rapproché de quelques figures à la mode sur tiktok ou ailleurs, les jeunes gens réunis pour la bonne cause peinent encore à s’extraire des clichés dans lesquels ils ont été enfermé, mais reflètent là aussi une réalité que l’on reconnait trop bien. La question est maintenant de savoir où tout cela va nous mener ? Malgré la forte pagination de ce premier album grand format, Matteo De Longis ne laisse pour l’instant pas affleurer autre chose que ces grandes lignes d’un remake fastueux d’Armageddon façon Discovery de Daft Punk, même si entre deux caprices de star et un tournage de clip en apesanteur qui tourne à la catastrophe, la pression se fait assez bien sentir. Au-delà de son pitch plutôt original et d’un sérieux à tout épreuve, The Prism frappe effectivement surtout pour la démonstration de talents livrée par le dessinateur, explorant comme jamais son style ultra dynamique, marqué par nombre de références japonaises, des personnages visuellement toujours beaux, presque parfaits, et la mise en place de décors pointus et particulièrement impressionnants lorsque le récit s’échappe de l’atmosphère pour vriller vers un 2001 remixé par MTV. Avec son travail admirable sur les couleurs, ses effets numériques chiadés, son découpage vif et aérien, Matteo De Longis donne effectivement une sacrée ampleur à ses planches et réussit sans un son à transmettre toute la fougue musicale et la fièvre glam censée naitre des frictions électriques entre les héros.
Si l’histoire peut sembler encore légère pour l’instant, les sensations sont là et visuellement ça claque méchamment.