THE PLOT HOLES
The Plot Holes #1-5 – États-Unis – 2021
Genre : Science-Fiction, Action
Scénariste : Sean Murphy
Illustrateur : Sean Murphy
Éditeur : Urban Comics
Pages : 152 pages
Date de Sortie : 21 octobre 2022
LE PITCH
La littérature n’est pas un chemin facile pour les auteurs. Entre la psychologie des personnages, le fil conducteur et les différentes péripéties, ils peuvent facilement se perdre et ne pas arriver à coucher leurs intentions sur le papier. Heureusement, une équipe d’élite veille… Coordonnés par l’Éditrice, les Inco-Errants sont composés de plusieurs personnages de fiction recrutés dans la littérature de genres (horreur, S-F, fantasy, manga, etc.). Leur travail est simple : rectifier le cours d’œuvres littéraires en perdition.
à livres ouverts
Lancé sur la plateforme IndieGoGo et fière d’une cagnotte plus que confortable (200 000 euros !!!), The Plot Holes a été présenté par Sean Murphy comme son projet le plus personnel. Une œuvre écrite et illustrée par ses soins, mais surtout produit loin des éditeurs mainstream ou d’une quelconque licence préexistante comme ce fut le cas pour Batman White Knight et ses extensions.
Proposé aux USA sous la forme d’un imposant artbook bardé de bonus graphiques (dont une bonne part sont présentés ici), les six chapitres de l’aventure retrouvent un format plus classique chez Urban Comics, ramenant le projet à quelque chose de plus modeste. Il est indéniable qu’une fois encore visuellement l’artiste en met plein la tronche aux amateurs, poussant toujours plus loin ses contours anguleux et acérés, ses décors fouillés et précis, dynamisant considérablement son découpage et le rythme de ses séquences, pour un résultat assez spectaculaire. Les planches sont superbes et témoignent plus que jamais de son intérêt pour la BD sous toutes ses formes, mélangeant plus généreusement les inspirations (comics, manga…) et les ambiances, surtout que cet aspect métissé est au cœur même de la série. Il est tout aussi indéniable que malheureusement dans The Plot Hole le résultat final n’est pas toujours à la hauteur des ambitions de l’auteur et de sa franche déclaration d’amour à la puissance créatrice et la fiction en général. Le concept même d’un univers « virtuel » où des héros de fictions se regrouperaient pour corriger et sauver d’autres ouvrages peu réussis, inachevés ou inexactes ne tient jamais vraiment le coup face aux explications.
Autoédition
Un pitch prétexte plutôt accrocheur heureusement qui lui permet de faire cohabiter des figures sans doute échappées de ses genres préférés et de s’amuser à les voir cohabiter le temps de quelques missions : un anciens vilains de comics DC, un félin humanoïde et métamorphe échappé d’un roman de Fantasy, une femme vampire ultra sexy qui n’aurait pas dépareillé chez Anne Rice, Johnny Manga caricature forcée des arts nippons et surtout Kevin, ancien héros de strip des années 30, un poil misogyne et raciste, où l’on ne peut s’empêcher de reconnaitre tout autant le génial Calvin & Hobbes. Les dialogues sont bourrés de second degré, de petits clins d’œil amoureux, et les hommages pleuvent à chaque sortie sur le terrain. Des explorations menées à 300 à l’heure au travers de romans d’aventure, de récits d’anticipation, de vieux polars noirs et même de guide de voyage ou d’essais historiques où l’on s’amusera même à reconnaitre aux détours de quelques cases des inserts de Punk Rock Jesus, Hellblazer ou Tokyo Ghost. On n’est jamais aussi bien servi que par soit même. Fun et spectaculaire donc, mais est-ce la faute d’un univers plus global qui aurait mérité d’être plus fouillé aux travers d’autres épisodes ou à la sensation constante que la trame de fond (sauver le monde de l’édition d’un ancien allié devenu un ver géant qui dévore les récits sur son passage) reste trop mince et basique, le titre ne tient pas vraiment le coup sur la longueur. On penchera finalement surtout du coté de la leader de la bande, Ed vétérane acariâtre aux origines plus humaine que les autres, et Cliff Inkslayer la nouvelle recrue ancien auteur de comics (mise en abyyyyyme), finalement assez caricaturaux et prévisibles là où leurs collègues ultra typés réussissent à faire valoir leur nature humaine. Sur un sujet finalement assez proche, quoi que moins pulsé, le Joe L’aventure intérieure qu’il avait illustré pour Grant Morrison était bien plus réussi et émouvant.