THE NICE HOUSE BY THE SEA T.1

The Nice House by the Sea (#1-6) – Etats-Unis – 2024 / 2025
Genre : Fantastique
Dessinateur : Alvaro Martinez Bueno
Scénariste : James Tynion IV
Nombre de pages : 200 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 25 avril 2025
LE PITCH
Aucun des douze convives de cette belle demeure en bord de Méditerranée ne connaissait Max. Elle connaissait pourtant chacun d’entre eux. Experts dans leur domaine, géants de l’industrie et du savoir moderne, chacun d’entre eux est l’excellence personnifiée. Pour échapper à la fin du monde et incarner l’avenir de l’Humanité, tous ont accepté en leur âme et conscience de se réunir dans ce petit paradis créé rien que pour eux, abandonnant vie et proches à leur triste sort. Survivre à la mort programmée de l’humanité ? Vivre éternellement ? Que pourrait-il y avoir de mal à ça ?
Le long des golfes (pas très) clairs
Enorme succès éditorial, aussi bien aux USA qu’en France, et bardé de prix en tous genres (Eisner Awards ou Prix de la série à Angoulême), The Nice House on the Lake en appelait forcément à une suite. Ou du moins à un nouveau cycle. Toujours imaginé et solidement construit par James Tynion IV et Alvaro Martinez Bueno naturellement.
On délaisse dès lors les espaces naturels du Wisconsin pour se rendre au bord de la méditerranée, dans une demeure plus cossue encore avec vue sur la plage et baignée d’un soleil radieux. L’apocalypse est loin, mais cette fois-ci les pensionnaires de l’entité Max sont parfaitement au courant de la situation. Très au courant de leurs valeurs aussi puisque ces dix habitants, tous censés être les meilleurs dans leurs domaines (scientifiques, artistes, politiciens, écrivains…) pensent atteindre là une immortalité bien méritée. Ils ont d’ailleurs accès à des options inédites, leur permettant de faire varier le climat en fonction de leurs envies, de changer d’apparence à loisir (en version plus jeunes et plus athlétiques donc), mais forcément aussi intellectuels puissent-ils être, cette proximité exacerbe les tensions, confronte les opinions et les personnalités bien tranchées. Bienvenue dans le loft pour riche, dans le Big Brother des puissants, où très vite la médiocrité et les petits travers de l’humanité remontent vite à la surface.
Saison 2
Même situation donc, mais la nature des personnages, et surtout l’absence d’amitié préalable, change inévitablement la donne. Voilà ce qui habite tout le premier chapitre de The Nice House by the Sea, variation sur le même thème qui vient considérablement développer l’arrière-plan science-fictionnel de la série, mais qui va cependant rapidement être délaissé ici lorsqu’un passage s’ouvre entre cette maisonnée… et celle de The Nice House on the Lake. Retour aux fondamentaux, aux ouailles de ce cher Walter, que l’on imagine bien entendu ne pas rester longtemps « mort », confrontés aux conséquences de leurs actes mais qui aussi tombent nez à nez avec d’anciennes connaissances. Si les deux camps s’opposent dans leur organisation existantes (et physiquement sans doute très vite) des liens existent aussi entre elles, et James Tynion IV rejoue de sa structure en flashbacks pour venir les explorer, tout en disséminant de la même façon quelques planches de flashforwards où l’on observe les personnages survivants sur une planète dévastée. L’écriture est toujours aussi touffue, passionnante, les arguments penchent toujours plus du coté psychologique que du véritable récit de genre, et c’est finalement peut-être ce terrain trop connu qui fait que ce nouveau cycle surprend moins, happe moins, qu’une première partie complète et cohérente.
À voir bien évidement là où l’auteur veut nous emmener, quelles surprises il réservent pour un second tome bien tendu, mais les pages en présence restent tout de même d’excellente qualité, entre thriller et exploration humaine, fantastique et drame psychologique, presque sentimental parfois. Surtout, elles sont à nouveau exaltées par les peintures d’Alvaro Martinez Bueno réussissant toujours à marier un certain réalisme avec un traitement plus surréaliste, plus émotionnel, qui transporte constamment le récit vers une forme assumée d’allégorie faite de terres moins reconnaissables. Certainement l’un des illustrateurs de comics les plus impressionnants à l’heure actuel. Rien que pour ça, l’édition grand format luxe d’Urban Comics vaut qu’on s’y perde.