THE MIGHTY

The Mighty #1-12 – Etats-Unis – 2009 / 20210
Genre : Super-héros
Dessinateur : Chris Samnee, Peter Snejberg
Scénariste : Peter Tomasi, Keith Champagne
Nombre de pages : 336 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 16 février 2024
LE PITCH
Alpha One est le seul super-héros du monde. Une lourde tâche lui incombe donc, celle d’incarner l’espoir de toute l’humanité. Cette douce utopie ne semble cependant pas convaincre tout le monde et les citoyens commencent à se poser des questions sur les origines de cet étrange surhomme. Ce dernier est lui aussi en proie à une crise existentielle qui le pousse à s’interroger sur le rôle et les responsabilités d’un héros. Peut-il réellement, à lui seul, offrir à l’humanité la sécurité et le soutien dont elle a besoin ?
Homo Superior
Encore inédit en France, les aventures d’Alpha One sont enfin proposées en volume intégral chez Urban. Une maxi série imaginée par Peter Tomasi (Superman Rebirth, Super Sons, The Bridge…) et Keith Champagne (Superman & Wonder Woman, Stranger Things…) qui, comme beaucoup d’autres avant lui, détourne la figure immaculée du « superman » et égratigne le grand mythe du sauveur.
Bien moins connu que des titres comme Supreme (Alan Moore) ou Irrécupérable (Mark Waid), The Mighty vogue pourtant dans la même direction. Si le titre a mis autant de temps à arriver jusqu’à chez nous, c’est peut-être à cause de ses petits désarrois éditoriaux. Tout d’abord publié aux USA en 2009 sous la forme d’une série évènement en douze chapitres, elle sera finalement reprise par Dark Horse et agrémentée de trois chapitres flashbacks inédits, pour ne connaitre une réédition en volume qu’en 2022 chez Images Comics. Pas si facile que cela d’imposer un récit indépendant, ne s’inscrivant donc pas dans un univers connu, même quand on reprend cette recette finalement désormais assez connue du détournement mythologique. Les auteurs ne cachent certainement pas leurs deux principales inspirations ici, Superman bien entendu mais aussi le tout aussi symbolique Captain America, s’amusant à multiplier les clins d’œil à l’un et à l’autre (les origines, la forteresse de solitude…) tout en composant une figure unique, contraction imposante et presque solaire du super héros ultime. Une image immaculée qui forcément ne peut se contenter de la perfection, et dissimule une réelle par d’ombre qui va peut à peu se révéler.
Tout à fait récupérable
C’est d’ailleurs par le biais de Gabriel, ancien enfant sauvé d’un tragique accident par Alpha One et devenu tout récemment son agent de liaison avec le reste du monde, que la vérité va affleurer et se faire de plus en plus inquiétante. Construit plus ou moins comme un polar, The Mighty se révèle donc assez classique autant dans sa mise en place, très graduelle, que dans ses ambitions, jouant même à sa manière la carte du What if ? de récits comme Red Son… mais en bien plus misanthrope. Un récit adulte, parfois assez violent et cruel, mais qui reste tout de même un peu trop dans l’ombre de ses illustres modèles (qui a dit The Watchmen ?) et que la plupart des habitués de comics vont voir arriver longtemps à l’avance avec ses gros sabots. Une irrévérence relativement modérée donc, dont le principal défaut est d’arriver un peu après les autres, mais qui n’en reste pas moins une lecture très rythmée et efficace et où les nombreuses réflexions sur le surhomme ou sur la place des héros dans le monde contemporain, ne prennent jamais le pas sur les personnages. Gabriel et Alpha One, au départ pas loin de l’image du fils et du père inaccessible, du fan boy et de son modèle, sont solidement construits et écrits, dotés d’ambiguïtés parfaitement humaines, et leur relation qui se tend graduellement tient effectivement le lecteur en haleine jusqu’au bout. Dans la même veine, l’illustrateur néo-classique Peter Snejberg (The Book of Magic, Starman…), relayé par le dynamique Chris Samnee (Fire Power, Daredevil, Jonna…) croise d’élégante manière les formes vintages, voir rétro, des comics d’autrefois avec un réalisme et une dynamique plus moderne.
Il n’en faut pas plus parfois pour aboutir non par un titre aussi traumatisant ou incontournable que d’autre tentatives du même acabit, mais au moins à un bon comic.