THE LOST SIGNAL AND THIS COMMUNICATION T.1
Thisコミュニケーション – Japon – 2020
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Rokudai Maruei
Scénariste : Rokudai Maruei
Nombre de pages : 192 pages
Éditeur : Mangetsu
Date de sortie : 3 juillet 2024
LE PITCH
Dans la seconde moitié du XXe siècle, une mystérieuse forme de vie appelée « Ypérite » est soudainement apparue sur Terre. En libérant un gaz nocif, ils ont transformé la planète en un vaste champ de ruines. Un siècle plus tard, alors que l’humanité a été détruite, Deluha, l’un des rares survivants de cette catastrophe, décide de mettre fin à ses jours plutôt que de mourir de faim. Il est alors sauvé de justesse par le directeur d’un laboratoire secret protégé par des jeunes filles, dont les capacités extraordinaires pourraient bien être la solution miracle pour rendre à l’humanité sa liberté…
L’avenir que l’on se crée
Les BD traitant d’un futur dystopique voire carrément terminal sont encore et toujours à la mode (et vu l’actualité ne s’est pas près de se calmer). Pour sa toute première série Rokudai Maruei en livre sa propre vision, toujours aussi désolée, désespérée et où le dernier rempart de l’humanité, un groupe de jeunes filles immortelles, ne semble pas tomber entre de très bonnes mains.
Prépublié dans les pages de Jump SQ de l’éditeur Shüeisha, This Communication vient tout juste de s’achever au Japon au bout de 12 volumes. Bon timing pour Mangetsu qui débarque avec une version française dont les lecteurs connaissent déjà l’amplitude à venir (car s’embarquer pour une série de plus de 50 tomes ce n’est la même chose). Joli score d’ailleurs pour le jeune mangaka Rokudai Maruei dont c’est là la première création professionnelle et qui impose d’emblée un style plutôt personnel avec des corps tout en jambes, souvent un peu massifs et un tramage très porté sur les ombres. Encore fragile certes, autant dans la stabilité des planches, la présence des décors ou dans la restitution un peu caricaturale des émotions, mais qui sait déjà marquer son titre d’une étrange noirceur, d’une violence froide et d’un nihilisme déroutant. Déjà naturellement par le contexte même du récit se déroulant dans un XXIème siècle où la terre s’est faite envahir par d’horribles vers géants en forme de phallus mutants, et son écosystème largement remplacé par une brume épaisse et irrespirable. Les états sont tombés, les armées avec elle, et seule une poignée de survivants se sont dispersés dans des bunkers souterrains. L’un d’entre eux vient d’être découvert par Deluha alors qu’il n’était pas loin d’en finir.
Magical Girls
Un lieu quasiment autonome où surtout des scientifiques ont réussi à créer une troupe de six gamines surpuissantes (enfin censées, ce n’est pas visible pour toutes) et immortelles avec comme seul handicap d’oublier la dernière heure vécue à chaque fois qu’elles tombent au combat. Ça tombe plutôt bien, ancien militaire jusqu’au-boutiste Deluha n’hésite jamais à trucider ces alliers pour avoir le dessus sur ses ennemis. Question de stratégie, mais aussi de psychologie puisque selon lui les soldats doivent vouer une confiance aveugle à leur chef de guerre et surtout ne jamais remettre en question sa parole et sa supériorité. Plus que creuser un arrière-plan post-apo ou d’explorer les origines de ces fameuses ypérites, ce premier tome se concentre justement sur les méthodes très discutables du personnage et de l’impact, jusque-là positif, qu’elles ont sur Yomi et ses consœurs, chair à canon recyclables mais aussi petite bande caractérielle qui passe son temps à se tirer la bourre, se faire la tronche, voir se trahir joyeusement. Une vision misanthrope, un traitement souvent cruel et des manipulations à foison qui donnent effectivement un ton très particulier à This Communication, mais qui glisse parfois aussi il faut l’avouer un peu la psychologie de bazars et, déjà, une certaine répétitivité.
Pour que la série ne décolle vraiment, il faudrait sans doute que Rokudai Maruei ouvre sa trame à d’autres ingrédients et dézoome un peu pour les tomes à suivre.