THE FLASH CHRONICLES 1992

États-Unis – 1992
Genre : Super-héros
Dessinateur : Greg La Rocque, Mark D. Bright, Travis Charest
Scénariste : Mark Waid, Gerard Jones, William Messner-Loebs
Nombre de pages : 464 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 16 juin 2023
LE PITCH
Mark WAID a largement contribué à développer le personnage de Flash à travers la personnalité de Wally West, là où la série des années 1950-1960, incarnée par Barry Allen se concentrait davantage sur l’intrigue des épisodes. L’auteur, en incluant des éléments de sa vie personnelle, humanise le super-héros et le rend plus accessible aux yeux du lecteur, transformant le successeur de Barry Allen en l’un des héros les plus populaires de DC.
Changement de vitesse
Alors que le long métrage The Flash vient juste de sortir dans les salles, Urban Comics dégaine naturellement un nouvel album de la collection Chronicles dédié au bolide rouge. Mais pas n’importe quelle cuvée bien entendu puisque ce premier volume se consacre à l’année 1992, marquée par l’arrivée de Mark Waid aux commandes du titre.
Regroupant par principe la production entière d’une année tournant autour d’un personnage iconique, le présent volume démarre donc par les derniers épisodes de William Messner-Loebs qui achevaient là un long run souvent controversé pour son ton farfelu, ses étrangetés pas toujours maitrisées (euh Flash en hérisson géant ?) et son obsession pour les relations amoureuses passagères de Wally West. Surtout sous sa plume, l’hériter de Barry Allen n’a pas forcément été présenté sous son meilleur jour, passant surtout pour un coureur de jupon, un jeune homme imbu de lui-même, capricieux et parvenu… à l’image des années 80 en sommes dont l’auteur semble hésiter constamment entre la célébration et la critique masquée. Ses quatre derniers chapitres n’en restent pas moins dépaysants, mais le lecteur assidu attend ici surtout l’arrivée retentissante de Mark Waid, ancien éditeur sur (entre autres) La Légion des Super-héros, grand amoureux de l’âge d’or des comics (dont certains disent qu’il est une véritable encyclopédie vivante), passionné des différentes itérations de Flash, qui va durant les dix années à venir totalement refaçonner l’univers des bolides DC. Et en 1992 cela débute assez naturellement par une réinterprétation en quatre partie des origines de Wally West, ex-Kid Flash. Un autre « Year One » conté par flashbacks interposés, qui revient avec insistance sur la filiation avec le couple formé par Barry et Iris Allen et leur neveux (ce qui deviendra très utiles dans les mois à venir), mais qui permet aussi de recentrer la dynamique du jeune héros autour de la notion d’héritage.
Fonce petit bolide
Sans opérer de révolution aussi drastique qu’un Frank Miller ou un John Byrne, Mark Waid ré-aiguillonne avec une certaine modestie, et installe plus sobrement des bouleversements qui se feront progressivement et moins brusquement. Un rythme étonnant pour un titre comme The Flash mais qui permettra en effet d’imposer la série dans la durée et de devenir une véritable référence du genre. Pour le moment cependant, passée l’introduction, Mark Waid semble surtout prendre ses marques en faisant collaborer son Flash avec Aquaman puis le classique Green Lantern dans un mini-crossover les confrontant au gorille intelligent Grodd et au cerveau vivant Hector Hammond dans des aventures colorées et décomplexées qui effectivement fleurent bon la nostalgie et l’hommage. Un peu plus original, le retour du magicien du futur AbraKadabra, grand psychotique aux rêves de grandeur destructeurs devenu ici clairement plus inquiétant, se mue en détonnant et improbable voyage dans le futur. Mark Waid s’amuse et embarque le lecteur avec lui, même si on sent bien que ce n’est pour l’instant que le tour de chauffe. Sans doute aussi que ce ressenti un peu sur la réserve est dû aux planches un peu vieillottes et rarement impressionnantes d’un Greg La Rocque (Legion of Super-Heroes, Power Man and Iron Fist, Marvel Team-Up…) très productif durant les années 80 mais clairement déjà un peu dépassé en ce début de nouvelle décennie, comme le prouve avec insolence la courte prestation d’un jeune Travis Charest (Batman/Catwoman, Wildcats…) encore très marqué par le style de Jim Lee.
A nouveau proposé sous la forme d’un imposant volume souple mais lourd agrémenté de préfaces historiques et de présentations rédactionnelles signées Yann Graf, The Flash Chronicles 1992 n’a peut-être pas encore la superbe évidence des volumes déjà édités dans la même collection… mais attendez un peu qu’il passe la seconde !