THE CROW : SKINNING THE WOLVES
The Crow: Skinning the Wolves #1-4 – États-Unis – 2012/2013
Genre : Horreur
Dessinateur : Jim Terry
Scénariste : James O’Barr
Nombre de pages : 112 pages
Editeur : Vestron Comics
Date de sortie : 26 janvier 2024
LE PITCH
1945. Dans un camp de concentration, un prisonnier différent des autres va faire vivre un cauchemar aux nazis et transformer les prédateurs en proies…
Fucking Nazis Must Die !
Après une longue absence des linéaires pendant plus de vingt ans, James O’Barr revenait en 2012 au scénario de sa série-culte, avec un récit de vengeance sanglante qui ne retrouve, malheureusement, jamais la vénéneuse beauté de la série originale.
Créé en 1989 par le torturé James O’Barr pour exorciser ses démons intérieurs (une enfance malheureuse et la mort de sa fiancée tuée par un chauffard ivre), le personnage-concept de The Crow aura connu moult déclinaisons (et Vestron entend bien toutes les éditer), avant de voir son auteur revenir au scénario pour deux miniséries, dont la première est celle qui nous intéresse ici. Malléable à loisir, le revenant vengeur animé par l’esprit du Corbeau devient ici le symbole de la lutte des faibles face aux puissances démoniaques, ici personnalisées par un commandant sadique de camp de concentration. Il faut le dire, on est un peu déçu, à la lecture de ce court (72 pages) récit, par la caractérisation sommaire du méchant (un nazi sanguinaire… pléonasme ?), là où les soldats du camp bénéficient d’un traitement un poil moins manichéen (l’un d’eux se plaint de leur « boulot »). Pas moins bâclée, l’écriture du « héros » (une précédente victime du vilain commandant) empêche le lecteur de s’intéresser vraiment à son sort, d’autant que ce le rythme effréné de ce qui s’apparente finalement à un banal shocker ne facilite pas l’immersion.
Vengeance sanglante
Là où le premier récit, celui consacré à la vengeance tragique du revenant Eric Draven, se teintait d’un romantisme noir, hérité d’Edgar Allan Poe, et d’un sens de l’emphase proprement prodigieux, Le Scalp des loups préfère se vautrer dans un déluge de sang et de chaos, laissant de côté les aspects les plus originaux de son intrigue, principalement tout ce qui concerne l’obsession du nazi pour les échecs, et qui aurait pu donner lieu à une vraie réflexion sur la stratégie. À la place, on se contentera d’une succession quasi-ininterrompue de morts ultra-gores, que le dessinateur indépendant Jim Terry (l’inédite saga policière Lie Down Low) illustre avec un sens aigu du découpage frénétique et de la pose qui tue. C’est finalement grâce à lui que Le Scalp des loups (titre choisi par Delcourt il y a quelques années mais sans les bonus graphiques en fin d’ouvrage) évite de sombrer dans le sans intérêt total, les lecteurs les plus déviants et fans de récits d’exploitation pouvant se satisfaire d’un déballage aussi grandiloquent de mâchoires arrachées et de tripes déversées. Reste que c’est sur sa dernière page que se situe la meilleure idée du récit, qui voit le vengeur au corbeau partir pour la ville en découdre avec toute l’armée allemande. On aurait préféré lire ça, en fait !