THE CROW RESURRECTION T.1
The Crow #1-5 – Etats-Unis – 1999
Genre : Fantastique
Scénariste : Jon J. Muth
Illustrateur : Tommy Edwards, Jamie Tolagson
Éditeur : Vestron
Pages : 112 pages
Date de Sortie : 25 novembre 2022
LE PITCH
La veille de leur mariage, Eric Draven et Shelly Webster sont sauvagement assassinés par un gang de truands. Un an après leur mort, un mystérieux corbeau se pose sur la tombe d’Eric : il est venu le guider pour assouvir sa vengeance…
Dead Souls
Déjà édité en 2000 chez le défunt Spark, ce The Crow Resurrection, alors sobrement intitulé The Crow, est bel et bien l’histoire d’une renaissance. Celle de l’œuvre originale de James O’Barr dont c’est là ni plus ni moins qu’un remake tout ce qu’il y a de plus officiel.
Figure marquante de la BD américaine indépendante rapidement devenu culte par sa radicalité, son émotion à fleur de peau et son esthétique gothique, The Crow est véritablement devenu une icône populaire cinq ans après sa publication, à la sortie de sa fabuleuse adaptation sur grand écran par Alex Proyas. La BD de James O’Barr est rééditée, des extensions commencent à paraitre à leur tour, mais c’est seulement en 1999, dix ans après sa naissance qu’Image Comics et un certain Todd McFarlane décident d’en proposer ni plus ni moins qu’un remake. Une opération plutôt rare dans le petit monde des comics, où l’on préfère les relectures et les reboots, mais qui ici à surtout pour but de raccrocher la grande masse de fans du film à son support original. Ce nouveau The Crow ne sera donc plus en noir et blanc et surtout va directement mêler plus intimement sa trame originale avec tous les éléments ajoutés pour le film avec Brandon Lee. Développé en dix chapitres, la série réduit ainsi les instants contemplatifs et poético romantiques, préférant plonger beaucoup plus volontiers dans les atours de récit policier et criminel, développant beaucoup plus l’existence et la personnalité des fameux criminels responsables du meurtre barbare d’Eric et Shelly.
It can’t rain all the time
Créateur du Graphic Novel Moonshadow et connu pour ses passages remarqués sur Sandman, Lucifer ou Swamp Thing, Jon J. Muth ménage ainsi constamment la chèvre et le choux, semblant partagé entre ses propres aspirations plutôt oniriques, jouant sur l’esthétique du cauchemar et l’omniprésence d’un corbeau narrateur plus cynique que jamais, et celle de l’œuvre de commande venant s’intégrer parfaitement au catalogue Image Comics. La maison de Spawn, mais aussi d’un certain Kiss Psycho Circus dont on retrouve d’une certaine façon ici les excès de violence, de gore et une atmosphère souvent glauque, déliquescente qui convient parfaitement à l’artiste Jamie Tolagson. Lourde tâche que de succéder en effet à James O’Barr et de cohabiter avec les superbes couvertures peintes de Tommy Edwards, le dessinateur doit alors imposer une esthétique plus proche des récits d’horreur macabre comme ceux d’Hellraiser sur lesquels il a déjà œuvré, ou annonçant par leur décorum urbain et opératique ses futurs épisodes de Sam & Twitch. Résultat étonnant, pas toujours encore parfaitement maitrisé, tape-à-l’œil et d’une certaine façon assez bourrin, mais qui souligne bien cette autre orientation portée sur un récit largement connu. Forcément beaucoup moins marquant que le The Crow initial, prenant surtout les contours d’une adaptation / extension du tout aussi célèbre long métrage, celui que Vestron nomme The Crow Resurrection (contre The Crow Vengeance en volume aux USA) vient ajouter une autre pierre à cette désormais longue aventure éditoriale, débutée il y a plus de trente ans comme un exutoire profond, personnel et certainement pas commercial pour un sou.