THE CROW : PESTILENCE
The Crow : Pestilence #1-4 – Etats-Unis – 2014
Genre : Fantastique, Action
Dessinateur : Drew Moss
Scénariste : Frank Bill
Nombre de pages : 96 pages
Éditeur : Vestron
Date de sortie : 24 mai 2024
LE PITCH
Juarez, Mexique. Un jeune boxeur, Salvador, refuse de se coucher durant un match… mais n’a eu aucun problème à accepter le paiement d’un gang de trafiquants de drogue vicieux. Après que Salvador et sa famille aient été exécutés en représailles, le corbeau le ramène à la vie. Salvador commence alors sa quête de vengeance… et de pardon.
Venganza
Le corbeau étend son vol avec un nouveau volume de la saga The Crow, Pestilence. Encore le récit violent et désespérée d’une vengeance par-delà la mort. De nouveau un jugement qui dépasse le règne des hommes. Mais une volonté de plonger jusqu’aux coudes dans la fange qui peut faire la différence.
Si certaines publications estampillées The Crow, comme l’excellent Curare, ont parfois essayé de dévier de la structure désormais classique initiée en 1989 par son créateur James O’Barr (qui se fend ici d’une superbe couverture alternative), la plupart rejoue plus ou moins la même tragédie, entre récit désespéré et mélancolique, et vendetta sauvage, terminale. Mais bien entendu toujours avec un petit élément qui pourrait changer la donne, dévier légèrement la trame ou lui donner une teinte unique : un camp de concentration dans Skinning the wolves, le monde du cirque dans Lethe, l’Italie sur fond de fondamentalisme dans Memento Mori, un protagoniste féminin dans Flesh & Bone… Et ici enfant les charmes bigarrées de la frontière mexicaine. Notre revenant est donc un boxeur mexicain qui a refusé de se coucher en plein match pour le compte du cartel et a poussé le vice jusqu’à tenter de s’enfuir avec la caisse (comme dans Pulp Fiction). Mauvaise idée, le gang le rattrape, extermine (salement) sa famille devant lui et l’exécute. La suite se déroule essentiellement de l’autre côté, chez nos amis ricains où les charmants restaurant locaux ont été transformé en succursales commerciales pour la revente de diverses drogues et la prostitution forcée. Au milieu, Salvador met en marche son chemin sanglant, dynamitant le fragile équilibre de l’entreprise, remontant l’organisation bourreau après bourreau.
Dernier round
Romancier assez méconnu en France, Frank Bill (Chiennes de vies, Donnybrook) campe très efficacement son récit dans un décorum éprouvé et ne semble pas dans les premières pages miser sur une quelconque sortie de route. Pourtant, progressivement, la voie du châtiment se fait beaucoup plus sinueuse lorsque certaines révélations ajoutent considérablement à l’aspect dramatique du tableau, tandis que l’intervention de la Santa Muerte en personne décide de prendre part à cette danse… euh mortelle. Quatre petits chapitres ultra resserrés, sans jamais le temps véritablement de regarder en arrière, de se livrer à une quelconque réflexion plus philosophique ou romantique, mais qui avec ses dehors de série B particulièrement agressive, et les petites surprises livrées en cerise sur le gâteau, assurent un programme tout à fait copieux. Un chapitre assez corsé de The Crow il faut bien l’avouer, qui n’est cependant pas toujours très bien mis en valeur par les illustrations de Drew Moss, artiste plus habitué aux licences relativement cartoon (comme Cosmocats ou Gargoyles) et qui avec ses contours anguleux, ses traits épais et ses légères déformations dans le mouvement passe souvent à coté de l’intensité des scènes. En outre ses personnages secondaires (et féminins plus encore) ont tout de même rapidement tendance à se ressembler. Là où le dessinateur ne lésine pas, c’est sur les effets sanglants, gores, et les litres d’hémoglobine qui s’écoulent en cascades des nombreuses plaies ouvertes et autres membres coupés à la machette ou la tronçonneuse.
Ah non vraiment, Pestilence ne fait pas dans la poésie, macabre ou non.