THE CROW : LETHE
The Crow : Lethe #1-3 + The Crow : Hark the Herald – Etats-Unis – 2020, 2019
Genre : Fantastique
Dessinateurs : Ilias Kyriazis, Meredith Laxton
Scénariste : Tim Seely
Nombre de pages : 112 pages
Éditeur : Vestron Comics
Date de sortie : 22 septembre 2023
LE PITCH
Null Narcos est un artiste populaire du FREAK-CHIC CIRCUS SIDESHOW, capable d’endurer sans douleur d’horribles violences sur son corps. Mais en dehors de ses spectacles nocturnes, Null est une coquille vide ayant tout oublié de son passé… Lorsque d’autres artistes du cirque commencent à mourir mystérieusement, Null commence à se souvenir de sa vie d’avant… une vie de meurtres, de terreur, et d’ailes noires.
Dernières représentations
35 ans déjà et pourtant la légende vengeresse imaginée en 1989 par J. O. Barr se perpétue d’années en années comme un passage de relais entre auteurs et artistes. A son tour Tim Seely vient jouer avec des codes bien établis, conserve les fondamentaux et la violence, tout en apportant discrètement ses petites pierres à l’édifice.
Le principe des The Crow est toujours le même : un jeune homme (mais aussi parfois une jeune femme) a été injustement assassiné avec un proche et revient d’entre les morts pour éprouver sa vengeance et éliminer ses assassins. Classique, sauf que dans Lethe, Null Narcos a toujours refusé justement de s’adonner à la vendetta, préférant oublier qui il était, qui étaient ses bourreaux et pourquoi il est revenu d’entre les morts. Il est ainsi recueilli par un théâtre de freaks itinérants dans lequel, aux cotés de la tatouée et sexy Benga, il exécute des performances sanglantes et érotiques devant un public médusé. Mais cette décision de refuser le destin tracé entraine l’apparition d’un autre esprit, beaucoup plus sadique et pervers, qui va s’en prendre à sa petite communauté. L’esprit du corbeau n’est jamais très loin, les visions d’un ailleurs en noir et blanc en compagnie d’un passeur à haute-forme rappelleront quelques souvenirs aux connaisseurs, mais Lethe joue justement avec les attentes du lecteur.
Le chant du corbeau
Même dans les illustrations d’Ilias Kyriazis (Dirk Gently’s Holistic Detective Agency, Secret Identies…), on sent une dynamique, une énergie et des couleurs tout à fait inédites sur le titre. Auteur de Revival et Hack / Slash, Tim Seeley sait tout à fait mêler une atmosphère plus étrange et grand guignol que jamais, avec une écriture particulièrement soignée sur les personnages, et en particulier les fameux « anormaux » qui entourent le protagoniste. Tout de même essentiellement porté par un rythme narratif soutenu, Lethe n’est jamais loin du pur récit d’action là où le plus souvent les collègues scénaristes optaient pour des contes plus mélancoliques et surnaturels. On imagine ainsi aisément le film bien musclé qui pourrait être tiré de cette itération entre affrontements d’immortels se perforant les chairs, sectes d’illuminés et romance impossible mais ultra érotique.
Preuve d’ailleurs que Tim Seeley a manifestement trouvé la bonne distance avec le canon The Crow, l’album de Vestron propose en fin d’album, comme son homologue américain un one-shot supplémentaire signé du même auteur mais dessiné un peu plus sobrement par Meredith Laxton (Ignited, Strangelands) : Hark the Herald. Ici c’est une jeune adolescente transfigurée qui se lance dans la traque d’un groupe d’assassins professionnels en vacances dans une cabane perdue dans les bois d’une montagne enneigée. On n’est jamais très loin du western avec un face-à-face entre l’indienne parfaitement intégrées dans l’ordre naturel des lieux et les cowboys se tirant rapidement la bourre, pour un thriller, certes plus classique, mais tout à fait efficace.