THE CROW : HACK / SLASH
The Crow : Hack/Slash : She Wears Shadows #1-4 – Etats-Unis – 2019
Genre : Fantastique
Dessinateur : Jim Terry
Scénariste : Tim Seely
Nombre de pages : 96 pages
Éditeur : Vestron
Date de sortie : 6 septembre 2024
LE PITCH
Ramenée d’entre les morts par le corbeau pour assouvir sa vengeance, Angeles Cero n’arrête pas de tuer et les corps s’accumulent… Cassie Hack, chasseuse de slashers, et son monstrueux partenaire Vlad sont désormais sur sa piste, la prenant pour l’un des psychopathes masqués qu’ils traquent depuis des années.
De drôles d’oiseaux
Saga aux origines très personnelles pour son créateur James O’Barr et doté de toute façon d’une atmosphère particulièrement dramatique, violente et cruelle, The Crow n’avait pas forcément vocation à pratiquer comme beaucoup de comics, l’art délicat, et souvent commercial, du crossover. Pourtant la chasseuse de slashers Cassie Hack fait tout pour nous faire mentir.
Un personnage encore très peu connu par chez nous, héroïne de la série Hack / Slash, sorte de démarquage plus trash de Buffy contre les vampires, où une adolescente aux airs de punkette, maniant la batte cloutée et souvent acoquinée avec le colosse Vlad (entre Frankenstein et Jason de Vendredi 13) parcourt les États-Unis pour éliminer les slashers, des sortes de serial killer maléfiques ou démoniaques. Une série bien fun, bourrée de références, d’action, d’hémoglobine et d’humour qui connut il y a quelques années déjà un début de traduction chez Wetta en 2006 (ça ne nous rajeunit pas), ancienne maison d’édition du patron de Vestron. Un retour d’autant plus inespéré qu’un autre éditeur, Hi Comics, s’apprête à son tour à proposer la dernière série en date Back to School. L’occasion idéale donc pour partir à la rencontre de cet univers bis et popcorn, d’autant qu’ici son créateur originel, Tim Seeley (Revival, Money Shot, Local Man…) s’amuse à l’acoquiner avec la mythologie de The Crow, où la vendetta sans fin de la donzelle (sa mère fut transformée en slasher et tentât de l’assassiner), rencontre celle tout aussi destructrice d’Angeles Ceros, dernière incarnation en date de l’esprit de vengeance.
Noir corbeau
Sauf que quelque part, la machine s’est déréglée et Angeles a enfermé le corbeau dans une cage et empêche son âme de retrouver la paix tout en continuant de tuer ceux qu’elles pensent avoir une part dans sa tragédie personnelle. Cassie Hack débarque pensant débusquer un nouveau slasher, alors qu’un autre « Crow », Marcus Grieves, a été à son tour renvoyé dans le monde des vivants pour mettre un terme à la tuerie. Le scénariste triture les sacro-sainte règles de la franchise, les tords sans jamais les briser, et permet alors de répondre indirectement à plein de questions que les fans s’étaient toujours posés sans oser le demander. Mieux, il réussit à faire naitre un duo de buddymovie aussi gothique que réussi et à maintenir tout ce beau monde dans une même ligne droite aussi fidèle aux deux licences qu’il aborde sans les trahir. Construit comme une course-poursuite effrénée sur fond de corruption, de destruction de la ville et de magie noire, She Wears Shadows, réussit même à offrir deux visions très différentes des Crows, avec d’un coté une figure jouant sur la juméléité et un certain trouble de l’identité, et de l’autre une ancienne drag-queen particulièrement charismatique et romantique… Ce dernier en particulier aurait certainement mérité son propre album solo.
Accompagné aux dessins par un Jim Terry (The Crow : Skinning the Wolves, Sundowners…) qui joue volontiers la carte d’un style dynamique, assez fluide et fouillé, plus tourné vers l’action que l’hémoglobine à tout prix, Tim Seeley nous offre là un retour gagnant pour le titre Hack / Slash en France, mais réussit aussi en cours de route à explorer quelques pistes inédites dans la liste déjà bien longue des suites de The Crow. Pas mal du tout.