THE CROW : DEATH AND REBIRTH

The Crow #1-5 – Etats-Unis – 2012
Genre : Fantastique, Action
Dessinateur : Kevin Colden
Scénariste : John Shirley
Nombre de pages : 128
Éditeur : Vestron
Date de sortie : 31 janvier 2025
LE PITCH
L’esprit du Corbeau transfigure Jamie Osterberg, un Américain étudiant à Tokyo et profondément amoureux de sa petite amie japonaise, Haruko, jusqu’à ce que leur histoire se termine dans la violence. Le Corbeau doit réparer les erreurs commises, mais cette fois, il devra peut-être tuer son propre amour…
烏
Même si le classique de James O’Barr reste absolument inaccessible, The Crow a connu de nombreuses variations en comics avec tout de même un niveau qualitatif assez constant malgré l’aspect resserré et épuré du concept initial. Première mini-série produite par IDW en 2012, Death and Rebirth fait malheureusement partie des moins mémorables… Pourtant le voyage à destination du Japon, avait de quoi séduire.
Si par l’énorme succès du film d’Alex Proyas et le statut culte rapidement obtenu par le comic original, The Crow est devenu un titre particulièrement connu et multi-réédité, avec parfois divers ajouts, bonus ou améliorations, la franchise a tout de même connu un fort ralentissement entre la fin des années 90, et les premières mini-séries inédites proposées par Kitchen Sink Press, et la reprise en main de la marque par IDW en 2012. Un éditeur spécialisé dans le développement de franchises préexistantes, qui va avoir la volonté d’accélérer les choses, et même à cœur de faire revenir James O’Barr pour une histoire inédite (Curare). Les volumes sont bien connus des amateurs puisqu’ils ont déjà été traduits en France chez Vestron : Skinning the Wolves, Memento Mori, Lethe… Mais tout a commencé avec les cinq premiers chapitres de la nouvelle série The Crow réunis par la suite en volume sous le titre Death and Rebirth. Joli coup pour l’éditeur puisqu’il dégottait ici à l’écriture un certain John Shirley, romancier (La Balade de City, Bioshock : Rapture) et habitué des novélisations (Constantine, Batman Begins…) mais aussi co-scénariste du film de 94. Second joli coup : la transposition annoncée du concept dans le décorum exotique et oh combien évocateur du Japon.
Gaijin go home
Pas de véritable samouraï ou autres ninjas à l’horizon, le récit opte pour un cadre contemporain, voir futuriste même puisqu’ici les dirigeants d’une entreprise sans foi ni loi kidnappe des jeunes gens pour y transposer leurs âmes et continuer ainsi à faire fructifier leur empire. Une petite dose de cyberpunk pas inintéressante, mais finalement peu développée, qui laisse vite place à des accents plus magiques avec quelques allusions aux folklores et un voyage en enfer digne des anciens kwaïdan. A cela s’ajoute naturellement la vendetta outre-tombe d’un jeune américain assassiné qui tente de sauver l’âme de son aimée. Prometteur, mais malheureusement assez peu abouti, Death and Rebirth court après trop de lièvres pour trouver son propre équilibre, n’échappe pas aux habituels clichés orientalistes et ne prend jamais vraiment le temps de donner du corps à ses personnages. Le pauvre Jamie multiplie les citations aux accents littéraires, tranche ses ennemis en deux comme dans un film de sabre, mais n’incarne jamais rien de mieux qu’une simple main armée, tandis que ses meilleurs amis, sa compagne et son beau-père se contentent de seconds rôles factuels. Même les ennemis, dont certains avaient un sacré potentiel méphitique peinent vraiment à s’imposer. Il faut reconnaitre au scénariste la volonté de plonger peu à peu la mini-série dans une atmosphère de plus en plus fantastique et mythologique (la sorcière coincée dans le tonneau, le démon final…), mais là c’est plus du coté de Kevin Colden (The Sweetness) que ça coince. Généreux sur les effets sanglants, plutôt porté sur les détails gothiques et les atmosphère épaisses, son trait imprécis manque cependant d’efficacité et de puissance autant pour resituer l’urbanité galopante de Tokyo, que les visions infernales et spirituelles du dernier chapitre.
Une déception en sommes, mais qui heureusement n’a pas empêché l’univers de The Crow de s’étendre pas la suite. Ouf.