THE BARBARIAN KING T.1 : LES ÉPÉES BRISÉES
The Barbarian King : Le Spade spezzate – Italie – 2020
Genre : Fantasy
Dessinateurs : Federico De Luca, Luca Panciroli, Alessandro Bragalini
Scénariste : Massimo Rosi, Alessio Landi
Nombre de pages : 112 pages
Éditeur : Éditions Réflexions
Date de sortie : 5 juillet 2024
LE PITCH
Le roi barbare, vieux, fatigué, las de la vie à la cour et nostalgique de l’adrénaline des temps révolus va comprendre à ses dépens à quel point il faut être attentif à ce que l’on désire, car une menace du passé est sur le point de resurgir, avec pour but de l’écarter du trône.
This is Another Story
Si Conan sur son trône ne devient pas une réalité à l’écran, au moins qu’il s’y installe glorieusement en BD. Croisement inattendu de l’héritage Marvel et de la liberté de ton des récentes adaptations chez Glénat, The Barbarian King ne fera jamais apparaitre le nom du plus célèbre barbare de l’histoire littéraire, mais que l’on ne s’y trompe pas c’est bel et bien lui. En chair et en sang.
Un fantasme pour les amateurs de sword & sorcery biberonnés aux textes de Robert E. Howard, aux comics de Roy Thomas et au chef d’œuvre de John Milius. Une simple image iconique, celle de Schwarzenegger vieilli patientant sur son trône que l’aventure reprenne ses droits, qui nourrit depuis de trop longues années maintenant les attentes. Ce n’est pourtant pas la première fois que King Conan apparait, puisqu’il fut même au centre d’une série complète de comics, mais toujours dans cette continuité fantasque et presque personnelle des publications Marvel. Le premier intérêt de cette publication en provenance d’Italie, est de reprendre la destinée de Conan, là où la nouvelle L’Heure du dragon s’était arrêtée, laissant le guerrier victorieux et prêt à épouser la belle et fière princesse Zenobia. Du moins quelques années plus loin, désormais souverain fatigué, époux de plusieurs femmes toujours aussi belles et éprises, père d’une famille de six enfants et véritable légende de l’hyperborée mais qui préfère laisser les questions politiques et la gestion du royaume à d’autres. Un final sans éclat, un happy end sans doute trop idéal pour une figure comme Conan qui va être rattrapé, tel Beowulf, par un ancien ennemi et tout perdre en une seule nuit.
Conan et l’usurpateur
Le duo d’auteurs Massimo Rosi, Alessio Landi composent ainsi une véritable tragédie, noir et sanglante, plongeant ses racines dans les grands récits primordiaux (viking mais pas que…) mais aussi bien entendu directement dans la prose de Howard, donnant par exemple une nouvelle vie au sorcier Yara. L’antagoniste de La Tour de l’éléphant (là aussi l’une des nouvelles les plus célèbres et les plus réussies du canon), qui s’est échappé de sa prison mystique et devenu l’hôte d’une entité innommable en écho évidents aux univers du collègue et ami H.P. Lovecraft. Une sombre histoire de vengeance, de chute et de rédemption, mêlée à la légende de deux épées légendaires brisées, reforgées et vouées à s’entrechoquer, et au dernier sursaut d’un vieux guerrier… Tout cela nourri les pages d’une fresque certes parfois un peu chaotique dans sa mise en place et dans son accumulation de personnages et d’enjeux, mais néanmoins puissante, saisissante et adulte. A l’image des planches confectionnées à aux moins six mains, qui prennent une grande distance, là encore, avec l’habituelle représentation du personnage et de son environnement dans les comics, abordant une fantasy beaucoup plus sauvage, sombre et inquiétante, et croquant le vétéran de manière beaucoup plus massive, lourde, le corps bardé de cicatrices et la tignasse partiellement rasée. Un vrai roi barbare qui va devoir se confronter à cette fameuse sorcellerie qu’il déteste tant pour retrouver son honneur et sa stature.
Les épées brisées n’est que le premier tome de cette nouvelle aventure, inédite, et sert essentiellement de mise en place, mais ça commence effectivement très fort.