TÉLÉPATHES
Telepaths #1-6 – États-Unis – 2021 / 2022
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Steve Epting
Scénariste : J. Michael Straczynski
Nombre de pages : 152 pages
Éditeur : Delcourt
Date de sortie : 24 mai 2023
LE PITCH
Une gigantesque perturbation électromagnétique entraîne l’apparition soudaine de pouvoirs télépathiques chez environ un dixième de la population. Et certains sont désormais capables de lire les pensées de tout un chacun comme dans un livre ouvert… QUAND AUCUN SECRET NE PEUT ÊTRE CACHÉ, TOUT LE MONDE EST EN DANGER ! Dès les premières manifestations de ces nouveaux pouvoirs, la société s’effondre littéralement. Un policier et un condamné à mort vont devoir s’allier pour éviter le chaos, et l’avenir dépendra de la confiance qui peut s’instaurer entre eux.
Tout dans la tête
Scénariste renommé autant pour le grand écran, que le petit et la bande dessinée, J. Michael Straczynski créateur émérite de Babylon V et producteur de Sense8 revient loin des maisons Marvel, DC ou Dark Horse, à ce regard réaliste, pour ne pas dire politique, sur les codes des comics de super-héros, qui avait fait toute la force de ses premières publications comme Midnight Nation et surtout Rising Stars.
Forcément, la participation ici de l’excellent dessinateur Steve Epting (le Captain America d’Ed Brubaker, Velvet) toujours porté sur un naturalisme on ne peut plus contemporain, procède de la même démarche et appuie fortement sur une sensation presque « live » de la BD. Straczynski n’est en effet jamais aussi à l’aise et sûr de son écriture que lorsqu’il pause la question du « comment ça se déroulerait dans notre monde si… ? ». En l’occurrence dans les pages de Télépathes, une impressionnante explosion solaire a entrainé une perturbation électromagnétique planétaire qui a mis KO pendant près de trente minutes toute la population mondiale. Accidents, catastrophes meurtrières… mais aussi certains se réveillent désormais avec la capacité de lire dans les pensées des autres, voir de communiquer par télépathie… Mais ce n’est que le commencement.
Une voix qui porte
Un vrai pitch de série tv à la Heroes, où Straczynski reprend la structure du récit choral en faisant ressortir plusieurs personnages, qui vont être amenés à interagir plus ou moins rapidement, face à ce nouvel ordre mondial. Quelques flics d’un côté, quelques repris de justice qui en ont profité pour s’évader de l’autre, et au milieu un président, et son gouvernement, désarçonné mais qui voient déjà les intérêts qu’ils pourraient y trouver et une population (américaine cela va de soi) instrumentalisée et terrifiée. Un scénario catastrophe maitrisé et tendu, effectivement très efficace, mais où le plus intéressant n’est pas forcément un enchainement d’évènements relativement classiques, mais surtout les questions qu’il ne cesse de poser. Versant très soft (en termes de violence et de fantastique) d’un Scanners ou d’un Fury, Télépathes répond surtout aux inquiétudes profondes de l’auteur devant la montée de la surveillance globale, par caméra, en ligne, et le sentiment de suspicion que font naitre chez les autorités la moindre défiance à l’encontre de ce mouvement. Straczynski ne tranche pas forcément totalement, mais oppose et fait discuter une crainte légitime née de la possibilité de ces nouveaux êtres de découvrir le moindre secret (financier, honteux ou tout simplement intime) des humains non transformés, et l’atteinte à la liberté vers lesquels les gouvernements s’apprêtent déjà à sauter pieds joints. Dans ce contexte la rencontre entre le sergent Jack Kelly et le « gangster » Miles Terrence n’a rien de manichéenne et ouvre même par son issue ambiguë la possibilité d’un second volume potentiellement plus complexe et ambitieux.
Cependant, achevé en février de l’année dernière aux USA, le titre n’a pas refait surface dans l’actualité et risque de rester orphelins à cause de ventes insuffisantes. Dommage.