TATARI T.1
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タタリ – Japon – 2023
Genre : Action, Fantastique
Dessinateur : Watari
Scénariste : Watari
Nombre de pages : 208
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 5 février 2025
LE PITCH
Jadis, dans l’ancienne capitale de Kyoto, vivait Tatari, un grand yokai chat métamorphe qui terrorisait la population. Mille ans plus tard, c’est en simple chat de gouttière qu’il vit non loin de chez Takeru et sa petite sœur Yuki. Ils s’entendent à merveille et, malgré leur pauvreté, mènent une existence heureuse dans un appartement miteux. Jusqu’au jour où Takeru est froidement éliminé… Tatari décide alors de prendre la place du garçon pour tenter de découvrir l’identité des assassins !
« Moi vouloir être chat »
Lancée en 2023 dans les pages du célèbre magazine Shônen Sunday des éditions Shogakukan, et actuellement toujours en cours avec sept tomes aux compteurs, la série Tatari débarque en France du coté de Glénat. Un shonen qui n’a peut-être pas encore les épaules pour concurrencer les mastodontes du genre, mais qui a tout de même quelques arguments, félins, à faire valoir.
Takeru est un pauvre adolescent, très attachant, mais qui n’a jamais eu beaucoup de chance dans sa vie. Fils d’un père qu’il n’a jamais connu, régulièrement abandonné par une mère peu sérieuse qui finit par s’éteindre des suites d’une maladie fulgurante, il élève seul sa demi-sœur, elle-même victime d’une maladie orpheline. Brimé dans son lycée, le brave gamin enchaine les boulots sur les chantiers pour assurer la subsistance de la petite Yuki. Un cadre pas si loin d’un épisode moderne des Misérables… oui mais voilà, Takeru n’est pas le héros du manga en présence puisqu’il décède au bout d’une quinzaine de pages. Le héros, c’est Tatari un chat adopté depuis longtemps par la petite famille et qui n’est autre qu’un illustre Yokai. Un esprit magique qui va prendre la place de Takeru autant par sens de l’honneur (il a promis qu’il protégerait Yuki) que vengeance, ce dernier entendant bien découvrir l’identité de l’assassin de Takeru et surtout les raisons pour lesquels on a voulu mettre fin à ses jours. Un mystère qui ne sera pas de longue durée puisque Tatari découvre rapidement une sombre affaire d’héritage d’un chef de la mafia hongkongaise et d’une guerre intestine entre ses descendants… Avec bien entendu d’autres yokai dissimulés parmi les hommes de mains.
« Il ne faut pas réveiller le chat qui dort »
Première série notable pour le mangaka Watari, Tatari s’amuse à mélanger les genres avec sa trame de fond typique d’une chronique de yakuza, une bonne dose de fantastique pleinement ancrée dans le folklore nippon et bien entendu un enrobage de chronique adolescente dans lequel va souvent apparaitre les petites notes d’humour. C’est que aussi doué soit-il, Tatari doit se restreindre pour rester crédible en simple adolescent et ne pas trop contraster avec le caractère effacé de Takeru. Difficile en effet de rester calme lorsqu’une bande de délinquants tente de le maltraiter en pleine classe ou de ne pas exposer ses pouvoirs spectaculaires lors d’une épreuve d’athlétisme. Des espaces de récréations pour le récit qui joue pleinement des airs éberlués de ses camarades de classes devant quelques phénomènes inexplicables ou de l’intérêt romantique qui pourrait naitre avec la très jolie Hayami dont la queue de cheval oscillante à tout pour hypnotiser un félin. Cependant l’arrière-plan de Tatari reste relativement sombre avec un premier combat nerveux contre Setsuna Andersen, une yokai sadique maitrisant les pouvoirs de la neige, et l’arrivée inopinée de Aruka Abe, descendant d’Onmyoji, bien décidé à exorciser Takeru. La partie magique n’est donc pas en reste, et on sent bien que l’auteur va justement baser tout son univers en devenir sur cet ésotérisme animiste. On ne cachera pas que pour l’instant les divers ressorts narratifs utilisés et les développements des divers pouvoirs exposés, s’inscrivent dans les grands classiques du shonen, mais le cocktail proposé par ce premier tome est parfaitement équilibré, bien dosé entre drame, comédie et action. La personnalité retors, bougonne mais toujours bienveillante de Tatari fait beaucoup aux charmes de la lecture, tout autant que ses relations avec une petite sœur censée être fragile, mais au caractère bien trempé. Côté dessins on retrouve ce même classicisme dans les lignes, le découpage et la dynamique des mises en pages, avec des contours plutôt simples et un noir et blanc très tranché, mais la lecture est toujours agréable et efficace.
Un bon démarrage donc pour cette nouvelle série tout à fait prenante et sympathique.