SUSHI ICHI T.1

すしいち! – Japon – 2014
Genre : Comédie
Dessinateur : Etsushi Ogawa
Scénariste : Etsushi Ogawa
Nombre de pages : 208 pages
Éditeur : Kotodama
Date de sortie : 12 février 2025
LE PITCH
Taisuke, maître sushi, ne se contente pas de réaliser de délicieux plats : il se sert de son art pour apaiser les tensions de son quartier et régler les problèmes personnels de ses voisins.
Menu B
Editeur apparu sur le marché en 1997, Petit à Petit a surtout marqué sa différence avec une réelle appétence pour les docu-BD, abordant les biographies des grands hommes et stars de la musique ou revenant sur d’authentiques affaires policières. Avec le nouveau label Kotodama, l’éditeur se lance désormais dans le manga mais tout en préservant son identité puisque chacun des titres proposés aborderont à leur manière un aspect particulier de la culture et de l’histoire du pays. Aux cotés de Hirakuru The Light qui traite du phénomène des idoles et Hinatsuba, celle qui maniait le sabre qui évoque la place des femmes dans l’ère du déclin des samouraïs, il y a donc Sushi Ichi qui, comme son titre l’indique, traite de l’une des spécialités culinaires nippones les plus célébrées à travers le monde.
Un voyage dans le temps jusqu’au XIXe siècle à l’ère Edo où justement ces fameux plats croisant un tapis de riz fermement pétri et une garniture, souvent du poisson cru ou un fruit de mer, étaient en pleine explosion, en particulier dans la fameuse rue Sukiya Sokocho. Et au milieu de cette ribambelle d’échoppes rivalisant de talents et d’imaginations pour attirer le chaland, il y Taisuke, célébrité parmi les maitres sushi, grâce à sa maitrise du geste, sa rapidité de découpe et surtout sa science de la satisfaction client. Personnage au sourire presque immuable, grand cœur bienveillant et cuistot partageant aisément sa science, il va au travers des cinq chapitres réunis dans ce premier volume, venir en aide à ses concurrents comme ces deux sœurs spécialisées dans la palourde, ou ce couple qui a perdu la science de la crevette parfaite, ainsi qu’à quelques clients aussi qui peinent à retrouver leur voie dans leur vie. Le manga s’ouvre ainsi avec un commissaire vindicatif, s’inquiétant de l’arrivée des occidentaux sur l’archipel et de la menace qui pèse sur les traditions japonaises. C’est surtout un homme marqué par le décès de son fils, plus diplomate sur la question. En mariant un sushi de congre avec un mélange sucré fait à base de chocolat (qui venait tout juste d’être découvert là-bas) il va réussir à apaiser le mal-être et la colère du monsieur.
L’art de bien assaisonner le riz
La construction des cinq épisodes est ainsi un peu toujours identique, avec une résolution toujours souriante qui en passe par une redécouverte culinaire illustrée presque tel un orgasme gustatif sur fond de révélation : oui la bonne cuisine, le mélange des goûts et des saveurs peut nous rapprocher les uns les autres. Une lecture très plaisante, constamment portée par la bonne humeur et la bonne volonté de ce brave Taisuke qui sait aussi se montrer parfaitement didactique pour initier le lecteur au large vocabulaire entourant le sushi, aux différentes techniques de préparation, aux équilibres gustatifs, ainsi qu’à quelques bribes contextuelles et historiques. Spécialiste du manga culinaire Etsushi Ogawa, que l’on connait aussi pour l’anime True Cooking Master Boy, manie ainsi autant le manga historique que la petite comédie sociale tout en délivrant des recettes qui mettent systématiquement l’eau à la bouche. On se régale d’ailleurs de ses illustrations des différents plats et ingrédients, extrêmement réalistes et savamment mis en image. Son style graphique est d’ailleurs plutôt assuré avec de très jolis détails dans les reconstitutions (costumes, décors…) et une rondeur constante pour des personnages très généralement assez joviaux et attachants.
Un titre plein de bonne humeur et de bons petits sushis qui est accompagné en supplément par un cahier documentaire couleur de quelques pages approfondissant l’historique des sushis à travers les siècles. Un prolongement bien venu qui met lui aussi en appétit.