SURVIVAL : WARM SPRINGS
France – 2024
Genre : Action, Aventure
Dessinateur : Valerio Giangiordano
Scénariste : Christophe Bec
Nombre de pages : 56 pages
Éditeur : Soleil
Date de sortie : 18 septembre 2024
LE PITCH
Lors d’une ascension du Mont Jefferson en Oregon, un groupe d’alpinistes expérimenté croise des chasseurs très armés. Après un décès accidentel, ces derniers se lancent dans une traque sanglante à travers la réserve indienne de Warm Springs.
Pourtant que la montagne est belle…
Une belle expédition, déjà extrême, au sommet du Mont Jefferson se transforme en traque humaine et sans retour. Le premier tome d’une nouvelle série-concept orchestrée par le prolifique, mais doué, Christophe Bec.
Créateur d’Olympus Mons, Carthago ou Inexistences, Christophe Bec entame donc ici une nouvelle série d’albums répondant au doux nom prometteur de Survival. L’idée est simple, chaque tome est un one shot et leur point commun repose sur la confrontation entre un groupe de personnages face à un milieu extrême et terriblement hostile. Prison de haute sécurité et jungle étouffante sont à suivre, mais en attendant Warm Springs se déroule sur la crête du Mont Jefferson, l’un des plus hauts sommets des Etats-Unis. Un pic acéré, enneigé, toujours entouré d’une vaste forêt préservée, terrain d’aventure idéal pour une petite troupe d’alpinistes passionnés venus là pour l’expérience, se prouver leur résistance ou même régler un souvenir traumatique. Petit souci, c’est aussi l’ère de jeu privilégiée d’une bande de chasseurs chevronnés, ultra armés, jusqu’aux gosses, et totalement habités par une violence de primates. Un simple accident (tristement prévisible et si commun) et la situation monte rapidement en tension, se transformant en traque mortelle, inlassable et aveugle. L’humain habité par sa violence et sa sauvagerie, obsédé par une absurde obsession pour la vengeance, mais semblant constamment perdu dans la magnificence d’un monde sauvage et grandiose.
Partie de chasse
Si le scénariste fait ici dans le grand classique, entre Les Chasses du Comte Zaroff, Délivrance et, bien entendu, Cliffhanger, il se montre toujours solide pour imposer un rythme bien soutenu, enchainer les évènements et les tragédies sans faiblir et surtout à jouer constamment avec les nerfs du lecteur. C’est que comme souvent chez Bec, même si ici les personnages auraient pu être un peu plus développés, il est toujours difficile de prédire le cours des évènements à venir, et en l’occurrence qui pourra s’en sortir, pourquoi et comment. Un thriller au manichéisme mesuré, plutôt violent mais jamais bêtement démonstratif, qui fonctionne véritablement comme une série B musclée où les plus attentifs pourront déceler quelques petites réflexions sur la nature humaine, sa férocité, sa résilience et sa capacité, souvent trop tardive, à ouvrir les yeux.
Assez efficace donc, Warm Springs aurait cependant mérité une mise en image plus intense, plus nerveuse que celle proposée par l’italien Valerio Giangiordano (Savage Avengers, Cosmic Ghost Rider…). Extrêmement performant pour reproduire avec un fort photoréalisme l’immensité des montagnes écrasantes ou l’atmosphère inquiétante des bois qui l’entoure, son dessin très « numérique » donne aux personnages une certaine rigidité, un manque de vie et de mouvement, qui rend le tout très froid et assez impersonnel. Ces derniers étant déjà réduits à quelques archétypes utilitaires, ils affichent assez peu d’expressions et les figures féminines, par exemple, ont vite tendance à trop se ressembler, limitant forcément l’attachement. Dommage car c’est cette proximité avec la victime humaine qui fait les meilleurs survivals.