SUPERMAN CHRONICLES 1987 VOL.1&2
Man of Steel #1-6, Superman #1-4, Action Comics #584-587, Adventures of Superman #424-428 + Superman #5-8, Action Comics #588-591, Adventures of Superman #429-430, Hawkman #10, Legion of Super-Heroes #37-38, Superman Annual #1 – États-Unis – 1987
Genre : Super-héros
Dessinateur : John Byrne, Jerry Ordway…
Scénariste : John Byrne, Marv Wolfman…
Nombre de pages : 496 + 376 pages
Éditeur : Urban Comics
Date de sortie : 28 avril 2023
LE PITCH
Metropolis était autrefois le terrain de chasse privilégié de Lex Luthor, le P.D-G. tyrannique et intransigeant de la multinationale LexCorp, mais l’arrivée d’un protecteur surhumain a changé la donne… Partageant son temps entre son identité de Clark Kent, jeune reporter pour le Daily Planet, et celle de Superman, défenseur des opprimés, il combat les menaces les plus étranges et les plus terrifiantes : Metallo, Darkseid ou Bizarro !
L’homme d’acier (nouvel alliage)
Après Batman et Justice League of America la collection exclusive d’Urban Comics, Chronicles, s’ouvre tout logiquement au meilleur d’entre tous : Superman. Un format intégral qui se tourne à nouveau vers l’année 1987, berceau de la renaissance du personnage, réinventé par l’illustre John Byrne dans sa mini-série Man of Steel.
Dans le sillage de Crisis on Infinite Earths, ayant drastiquement simplifié (pour un temps) la chronologie de l’univers DC et réduit avec une certaine brutalité parfois la profusion de terres parallèles et d’avatars de certains personnages bien connus, DC Comics en profita donc pour confier ses personnages centraux à de nouvelles équipes créatives. Avec bien entendu la lourde, mais passionnante charge, de réécrire plus ou moins leurs origines et leur permettre de s’inscrire définitivement dans les années 80 et l’âge moderne. Batman passera par Frank Miller, Wonder Woman par Greg Potter et surtout George Perez, et Superman lui rencontre John Byrne. Une véritable star alors, auréolé des succès éditoriaux rencontrés par ses épisodes de X-Men, d’Avengers et des 4 Fantastiques du coté du concurrent Marvel, dont le graphisme dynamique mais classique, constamment porté par l’héritage de Jack Kirby, se prête à merveille à l’univers de Kal-El. S’inscrivant ouvertement dans la tradition du King mais aussi des créateurs Joe Shuster et Jerry Siegel, Byrne lui redonne immédiatement sa posture symbolique, ce mélange de puissance et de bonté qui caractérise ce personnage effectivement peut-être plus lisse que ses collègues. Superman c’est le bien, le « golden boy » de l’Amérique et le défenseur d’un idéal immuable. L’auteur revient effectivement aux fondamentaux réduisant considérablement les pouvoirs de Superman, devenu pre-Crisis un dieu invulnérable, et débarrasse de manière très visible son homologue Clark Kent de ses attitudes les plus ridicules. La différence entre les deux se fait plus subtile, tout comme la relation avec Lois Lane, ne se réduisant jamais à une simple comédie romantique interminable.
L’homme de demain, d’aujourd’hui et d’hier
Dans la mini-série de six épisodes Man of Steel, rétrospective épisodique des nouvelles premières années de Superman, John Byrne redéfinie de la même façon la présence de Lex Luthor, désormais en costard du meilleur goût (exit l’armure rose du savant-fou) avec tout le machiavélisme de l’homme d’affaire sans scrupule qui le caractérise si bien. Le film de Richard Donner est clairement passé par là, mais le talent de John Byrne est justement de réussir comme personne à marier ces multiples inspirations et sa vision toute personnelle en un seul monument canonique. Une direction qu’il va directement poursuivre dans la foulée au travers de la nouvelle série sobrement intitulée Superman (redémarrant pour l’occasion au numéro 1), qui croisera un temps le crossover massif Legends prenant pour quatre Le Quatrième Monde inventé par Jack Kirby, et de la reprise d’Action Comics. Dans cette dernière, il va surtout étudier le nouveau statu quo avec le reste de l’univers DC lui faisant croiser quelques collègues célèbres comme Etrigan, Green Lantern Corps, Hawkman et Hawkwoman ou La Legion des Super-héros permettant de régler définitivement la question de Superboy, vision adolescente et très golden âge qui trainait encore dans un recoin de la continuité. Un travail de refondation titanesque, bourré d’aménagements de détails, de modernisations de personnages et de situations ultra-connus, mais dont on ne perçoit finalement presque jamais les coutures tant John Byrne les orchestre avec talent et décontraction dans des épisodes funs et toujours spectaculaires. Il est amusant d’ailleurs de comparer son travail avec celui de l’équipe de la troisième revue The Adventures of Superman, pour le coup confiée au duo Marv Wolfman (The New Titans, Tomb of Dracula) et Jerry Ordway (All Star Squadron) qui certes incluait une partie des changements de Byrne mais poursuivait essentiellement son propre agenda avec une love interrest supplémentaire et une story-arc incluant une étrange organisation terroriste internationale, qui venait étoffer une énième réflexion sur la lourde charge identitaire du super-héros. Bien plus classique et moins flamboyants dans la plastique des planches, ces épisodes ont pour le coup beaucoup moins bien vieillis, même s’ils restent assez sympathiques.
Épisodes essentiels de la trajectoire comic de Superman, les nombreux fascicules réunis dans les deux premiers volumes de cette intégrale dédiée à la production de l’année 1987 consacrée à l’orphelin de Krypton, font encore et toujours office de grands classiques et d’immanquables pour les fans. Même pour ceux qui avaient investis il y a quelques années dans le premier recueil Superman, Man of Steel, réédition finalement inachevée et qui se voit ici proposée plus ou moins dans une version beaucoup plus complète voir exhaustive puisque le dernier et troisième volume est d’ores et déjà prévu pour août prochain.