STUNTS: THE 9TH GHOST T.1
STUNTS 9番目のゴースト- Japon – 2022
Genre : Policier, Thriller
Dessinateur : Sora Daichi
Scénariste : Sora Daichi
Nombre de pages : 200 pages
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 02 mai 2024
LE PITCH
James Martin, admirateur du NYPD, arrive à New York pour intégrer l’académie de police. Après huit ans de séparation, il tombe par hasard sur son frère, Jack, devenu procureur. Mais à cause de ces retrouvailles, le voilà impliqué dans les terribles “ghost affairs”…
Criminels fantômes
Quelque part entre l’actionner pêchu et le thriller trouble à la Fincher, mais avec toute l’exacerbation dont peut faire preuve un manga, Stunts est la carte de visite d’un nouvel auteur du manga. Entre la série B et le roman graphique plus noir, ce premier tome s’avère une très bonne surprise.
Nouvelle série courte prévue en seulement trois volumes, Stunts s’ouvre sur quelques pages couleurs mystérieuses, particulièrement glauques même, limite gore, qui font inévitablement penser à un certain Hannibal. Pourtant les pages suivantes semblent totalement les contredire avec l’arrivée de James Martin, jeune recrue de l’académie de police, aussi doué que naïf, qui se retrouve à à courser un voleur à la tire dès sa première journée de tourisme. Là, on pencherait plus du coté de Brooklyn Nine-Nine. Mais la violence et le tragique vont rapidement le rattraper alors que ses retrouvailles attendues avec son frères, procureur star de la ville, tournent au dramatique lorsque le héros réalise que ce dernier n’est pas celui qu’il voudrait faire croire. Par la force des choses, le voilà confronté à l’une de ces terribles affaires de « ghost », crimes perpétrés par un ou des hommes qui sont capables de se dissimuler derrière les visages de leurs victimes. Il est ainsi réquisitionné par les Stunts, branche justement consacrée à ce type de dossier, et découvre l’étendue de l’investigation. Très inspiré par la pléthore de série américains procédurières et à pitch (comme CSI ou Cold Case), le jeune mangaka Sora Daichi nous concocte une entrée en matière diablement efficace et particulièrement nerveuse qui propulse le lecteur, comme le protagoniste, dans un récit aussi tortueux que noir et violent.
Bas les masques !
Si quelques éléments pseudo-fantastiques son disséminés (par quels miracles ces ghost réussissent-il leur tour de passe-passe ?), il a surtout comme ambition de s’incarner dans un décorum plus sérieusement policier avec une construction, des dialogues et des révélations qui suivent le plus concrètement possible les éléments de l’enquête et les découvertes de James Martin et ses collègues. Insaisissable certes, machiavélique et manifestement pas loin d’un vaste complot aux ambitions encore nébuleux, les ghost font office de menace sérieuse et inquiétante et permettent à Stunts de s’étoffer d’une atmosphère qui tire vers le psycho-thriller voir vers quelques bribes d’horreur. Le contre-coup de cette énergie débordante et de cette quête constante de mouvement, d’action et d’efficacité peut se faire effectivement un petit peu au détriment d’un enchainement de découvertes et d’évènements dont la frénésie amoindrie un peu le réalisme, avec en particulier ce jeune policier dont le flair tient presque du 6ème sens, mais l’argument reste sur le fil. Plutôt prenant donc pour une première création, surtout que Sora Daichi signe aussi ses propres planches avec une ligne très fine, une belle expressivité et, là aussi, une sensation de mouvements constante, de dynamique boosté. Les décors n’ont alors pas toujours vraiment la latitude pour s’incarner, l’artiste privilégiant les découpages vifs et tranchés et la sensation de traque haletante.
En espérant que les deux tomes suivants tiendront toutes ces belles promesses.