STILLWATER T.1
Stillwater #1-6 – Etats-Unis – 2020/2021
Genre : Fantastique
Scénariste : Chip Zdarsky
Illustrateur : Ramon Pérez
Editeur : Delcourt
Pages : 152 pages
Date de Sortie : 26 janvier 2022
LE PITCH
PLUS PERSONNE NE MEURT. À Stillwater, ce n’est pas seulement une promesse, c’est une… menace ! Comment se comportent les gens lorsqu’ils comprennent qu’ils ne peuvent pas ou plus mourir ? Les fous fanatiques ne vont-ils pas débarquer ?
Revival
L’immortalité n’est pas forcément un cadeau. C’est ce qu’a découvert la petite communauté de Stillwater, ville paumée au cœur de l’Amérique, que Chip Zdarsky (Sex Criminals, Spider-man L’Histoire d’une vie) dépeint comme une communauté idéale figée dans le temps… et un état policier.
Jeune homme qui cherche encore sa voie dans la vie et qui accumule les jobs et les mauvaises soirées à cause de son très mauvais caractère, Daniel n’y croit pas trop lorsqu’il reçoit une lettre de notaire lui signifiant qu’il a hérité d’une lointaine tante. Pour en connaître le contenu, il doit se rendre à Stillwater, petite ville inconnue et éloignée des grandes routes de passage. Mais il est évident dès qu’il arrive en ville avec son pote, qu’il n’est pas forcément le bienvenu et que les habitants cachent un lourd secret : ils ne peuvent plus mourir. Un enfant se défenestre devant ses yeux, et le voilà qu’il se redresse, en sang, et repart jouer avec les autres. Témoin gênant, embarqué pour être éliminé à la frontière de la ville…. Oui mais voilà il semblerait qu’il soit finalement très lié avec l’histoire de Stillwater et lui non plus ne pourra désormais plus s’en échapper. Scénariste assez malin et inspiré à qui on doit deux runs récents et très réussis dédiés à Daredevil et Spider-man, Chip Zdarsky sait parfaitement placer et installer son pitch, certes pas si original que cela mais au cadre relativement intéressant. Intéressant car la ville de Stillwater sert bien évidemment de microcosme symbolique, version grossie à la loupe de l’Amérique contemporaine, dont le pouvoir de régénération opère presque aussi efficacement que si un Dôme venait en recouvrir l’horizon.
Après
La référence Stephen King est ici omniprésente, autant dans la description appliquée des habitants les plus remarquables de la petite ville, que dans la présence d’un Juge qui a eu tôt fait de s’installer comme seule autorité valable, associé à un sheriff aux méthodes brutales et plus que discutables. Ce premier tome, qui regroupe les six premiers fascicules de la série, fonctionne alors pour l’instant essentiellement comme une introduction maîtrisée, permettant au lecteur de découvrir ce nouvel ordre par les yeux de Daniel, héros toujours en marge, tout en faisant, déjà, glisser la trame vers une situation bien pire encore aux airs de coup d’état militaire. Les personnages sont plutôt bien écrits, les situations gardent toujours un certain niveau de réalisme, de crédibilité, dans lequel s’insère naturellement le travail graphique de Ramon Pérez (Wolverine and the X-Men, Nova) à la narration sobre et appliquée. Récit de Science-Fiction aux contours de Politique Fiction, Stillwater manque encore de vraies surprises, mais ne manque cependant pas de mystères en esquivant sciemment tout explication, même temporaire, du phénomène que connaît la ville, préférant pour l’instant en étudier les conséquences plus ou moins dramatiques. De bonnes bases pour un premier album sans temps mort, où il manque juste un « petit quelque-chose » pour cela décolle vraiment.