STATIC

Etats-Unis – 2021
Genre : Action, Science-Fiction
Dessinateur : Matt Lesniewski
Scénariste : Matt Lesniewski
Nombre de pages : 128 pages
Éditeur : Delirium
Date de sortie : 6 juin 2025
LE PITCH
Sur une planète désolée, Emmett est une sorte de chasseur de primes au bout du rouleau. Séparé de sa femme et son enfant, accro à une drogue étrange pour laquelle il s’est endetté, il gagne sa vie en capturant des animaux sauvages extra-terrestres qu’il livre à Clay, un scientifique fou adepte de Frankenstein…
Un dernier shoot
Après avoir édité son Crimson Flower, scénarisé par le doué Matt Kindt, Delirium renoue avec l’art massif et percutant de Matt Lesniewski afin de proposer en France son très personnel et baroque Static. Un style unique pour un polar SF hors normes.
Découvert pour les lecteurs de vo avec l’indépendant, et dramatique, The Freak, Matt Lesniewski est un artiste de la scène comic underground qui est en train de s’imposer dans le paysage éditorial. Quelques apparitions dans des comics mainstream (Grendel, TMNT, The Deviant…) et surtout quelques publications qui font parler d’elles comme Faceless and the Family, Xino ou le Crimson Flower nommé en introduction, imposent peu à peu son style visuel très particulier. Comme un descendant de Richard Corben, et de tout un pan de la BD fantasy européennes (Métal Hurlant et 2000 A.D. en tête), l’artiste cultive un trait massif, imposant, lourd, mais où ressort constamment une sensation de volume, de relief. Dans le présent Static en l’occurrence le corps même du protagoniste, Emmett est décrit comme une masse de muscles surdimensionnés, parsemé de veines prêtes à exploser, comme un colosse sous anabolisant. Le reste offre les mêmes sensations de 3D que ce soit la faune bigarrée et monstrueuse locale, les motos en blocs rectangulaires et les créatures bricolées à la Frankenstein, mais aussi le décor aux perspectives très présentes, mais volontairement faussées.
La route tumultueuse de la rédemption
Accompagné par Carlos Badilla (Hack / Slash, Money Shot…) aux couleurs numériques mais volumineuses, Matt Lesniewski compose un univers qui n’appartient qu’à lui. Celui d’un croisement entre Star Wars, Mad Max, western, l’horreur EC Comics et le drame social, presque réaliste, ou tout n’est que saleté, désert aride, violence et criminalité. Static c’est ainsi le récit d’un addict, tombé manifestement très tôt dans la drogue, puis dans les salles affaires, et qui tente désormais de se sevrer tout en échappant à son ancien patron (scientifique taré) et à un gang à qui il n’a pas encore payé sa dernière dose. Une dernière échappée, une dernière chance, dans l’espoir de pouvoir renouer avec sa femme et retrouver son fils… Sauf que tout cela se déroule sur une autre planète et dans un futur improbable peuplé de mutants, de cyborg, de drogues insectoïdes, de bikers volants et de paysages on ne peut plus exotiques. Entre deux poursuites électrisantes, deux bastons bien costaudes et deux massacres en règles découpées avec une sécheresse savante, Static sait aussi déployer une certaine émotion, offrant quelques rares phases de calmes à son anti-héros, figure presque contemplative, acceptant finalement peu à peu la notion de changement et de transformation… aussi monstrueuse soit elle. Une démonstration de force graphique pour un portrait aussi simple que chaotique.
Un sacré trip, actionner vigoureux et fable aux accents mélancoliques (mais faut les chopper au vol), Static est à découvrir d’urgence pour tous les amateurs de comics originaux. Il est bien entendu admirablement mis en valeur par Delirium avec une superbe édition et un cahier graphique bonus d’une dizaine de pages, commenté par l’auteur.