SPRIGGAN T.1
スプリガン – Japon – 1989
Genre : Science-fiction, Action
Dessinateur : Ryôji Minagawa
Scénariste : Hiroshi Takashige
Nombre de pages : 384 pages
Éditeur : Panini Manga
Date de sortie : 12 juin 2024
LE PITCH
Une ancienne civilisation régnait autrefois sur la Terre. Réputée pour ses artefacts et son avancée technologique, elle a disparu suite à l’utilisation abusive de ses créations. Elle a laissé sur une tablette un message destiné à notre monde : « Protégez notre héritage du mal ». Cette mission a été confiée aux agents Spriggan de l’ARCAM qui doivent s’assurer que les anciennes reliques aux dangereux pouvoirs, ne tombent pas entre de mauvaises mains.
Fight the Past
Après des titres comme City Hunter, 20th Century Boy ou Mars, un autre classique du shonen débarque dans la collection Perfect Edition de Panini : Spriggan. Récemment redécouvert par beaucoup grâce à l’animé produit par Netflix, le titre n’avait jamais été édité en intégralité en France.
Pourtant il fut l’un des premiers grands titres à rejoindre le catalogue de Glénat dès 1995 sous le titre Striker, connu une prépublication dans les pages de la revue Manga Player et même son adaptation en long métrage animé supervisé par un certain Katsuhiro Otomo fit les beaux jours d’HK Vidéo. Mais avec seulement deux tomes traduits et un film qui n’abordait que le chapitre de « l’arche de Noé », la majeure partie des 11 volumes de Spriggan restait inaccessible aux lecteurs français. Bonne nouvelle donc que cette reprise en huit gros volumes avec le format large des Perfect Edition et l’opportunité de profiter au passage du mini-poster d’ouverture et des quelques pages couleurs, de cette première œuvre de deux auteurs qui vont par la suite poursuivre leur carrière avec pour le scénariste Hiroshi Takashige les séries Kyo, Jusqu’à ce que la mort nous sépare ou RDB et pour le dessinateur Ryouji Minagawa, Arms, D-Live et Peacemaker. Mais au Japon leur nom reste définitivement associé à Spriggan et à son esprit typique de ce début des années 90 avec un univers qui revisite très librement les grandes aventures d’archéologues de pulp et la pure science-fiction musclée. Elle raconte les missions explosives d’un agent de l’ARCAM, spécialisé dans la protection d’artefacts mystiques, contre les forces du mal mais aussi les batailles d’intérêt entre les deux blocs de la Guerre Froide toujours à l’œuvre : les États-Unis et l’URSS.
Indiana Jones avec un bazooka
Services secrets à tous les étages, troupes armées et sections d’assauts blindées, humains améliorés façon Terminator, Spriggan n’est pas là pour faire dans la dentelle et Yu Aminae, héros ado typique du genre, épaulé par son exosquelette surpuissant, se jette généreusement dans l’action. Maniant déjà un coup de crayon plutôt ferme et dense, Ryôji Minagawa soigne certes ses personnages et ses décors contemporains, mais se montre justement surtout des plus convaincant dans son approche vive et nerveuse des nombreuses scènes de castagnes, son découpage tranché et ses poses ultra dynamiques. Du blockbuster sur papier fortement influencé par le mentor Katushiro Otomo qui impulse un rythme vraiment soutenu, voir décoiffant, à la lecture. Mais le scénariste Hiroshi Takashige se réserve aussi quelques petits plaisirs avec trois premières missions tournant respectivement autour de « la flamme de Meggido » qui peut reproduire la tragédie de Sodome et Gomorrhe, d’un temple d’une civilisation disparue au Mont Fuji et le Masque de Palenque, où s’invite généreusement une mythologie pré-biblique pleine de magie, de mystères et même de quelques hommes-léopards bien vénères. Il installe aussi très efficacement les rapports de force de son manga, en éclairant peu à peu la personnalité de son héros et en disséminant quelques personnages secondaires voués à devenir des figures récurrentes de la série.
Un classique du shonen baraqué qui ne frappe pas aujourd’hui par une énorme originalité, mais qui avec des planches parfaitement calibré et toujours percutantes et une trame savamment dosée et prenante préserve un charme indéniable. Un bon démarrage pour une manga grand spectacle qui va encore se muscler par la suite.