SPAWN ÉDITION SPÉCIALE 30ÈME ANNIVERSAIRE
Spawn #1-15 – États-Unis – 1992/1993
Genre : Super-héros, Fantastique
Scénariste : Todd McFarlane, Neil Gaiman, Alan Moore, Dave Sim, Frank Miller
Illustrateur : Todd McFarlane
Éditeur : Delcourt
Pages : 416 pages
Date de Sortie : 11 mai 2022
LE PITCH
Al Simmons est un militaire, tué par ses supérieurs et revenu sur Terre après avoir passé un marché avec un démon, mais il a été transformé en suppôt des Enfers !
La beauté des damnés
Image Comics a trente ans et donc Spawn, immense création de Todd McFarlane, aussi. Delcourt célèbre l’évènement avec une édition unique des quinze premiers épisodes de la série comprenant enfin le retour des deux chapitres écartés pour des problèmes de droits, mais aussi une version noir et blanc et commentée du #1 et des croquis inédits. D’enfer !
1992 le mondes comics est en émois, voilà que les plus grandes stars du moment, Jim Lee, Erik Larsen, Rob Liefeld, Marc Silvestri, Jim Valentino, Whilce Portacio et le boss Todd McFarlane claquent la portent de Marvel pour fonder leur propre société, Image Comics qui assurera aux artistes de préserver les droits de leurs créations. On le sait, même si la firme existe encore aujourd’hui et reste une valeur sûre (ils ont édité The Walking Dead tout de même) le doux rêve initial à progressivement périclité, les collègues se séparant, se rendant à l’ennemis ou pire, revendant même certains personnages. Mais Todd McFarlane tient bon, accompagnant de nombreuses nouvelles créations en creator’s own tout en explorant encore et toujours l’univers de sa série phare Spawn qui se dote même pour l’occasion de nouvelles séries bientôt traduites en France. Mais en 1992, McFarlane y croit et donne tout ce qu’il a dessinant l’intégralité de ces 15 premiers épisodes (malheureusement cela deviendra de plus en plus rare) et créant page après page une mythologie de Dark Fantasy, d’anti-super-héros, foisonnante sur fond d’affrontements biblique entre le ciel et l’enfer, de pacte avec le diable, de malédiction déchirante et de monde criminel totalement baroque. Imaginé dès son adolescence, Spawn est un monde que McFarlane aborde ici avec une frénésie créative impressionnante, posant le contexte en une vingtaine de page, puis apportant à chaque nouveau fascicule de nouvelles idées fascinantes.
La foire des ténèbres
Le Violator, démon aux traits humains ridicules mais démons bouffeur de cœur terrifiant ; Maleboggia et son enfer à huit étages ; les détectives Sam & Twitch qui auront ensuite leur vie propre, le serial killer pédophile Billy Kincaid, la machine Over-Kill, l’incursion du meurtrier Chapel… Tout ce qui continue de nourrir la saga est d’ores et déjà là, avec ce mélange inégalé d’horreur graphique, de violence sanglante, d’humour noir, de pure cruauté et de flamboyances ultra-stylisée. Les excès constants du trait de McFarlane, ente la classe incarnée et la caricature lourde, n’ont d’équivalent que dans ses découpages surcomposés, alambiqués, ses poses dynamiques improbables et des jeux d’ombres écrasants. Fer de lance d’Image Comics, Spawn se faisait même l’écho entre les lignes d’un véritable univers partagé possible, glissant des références naturelles à Youngblood, Shadowhawk ou Savage Dragon, et la carte de visite des ambitions de l’éditeur, invitant à son bord le temps d’un épisode quatre pointures des comics indépendant. Frank Miller s’offre une gigantesque baston entre deux gangs particulièrement stupides ; Alan Moore déflore les paysages infernaux en donnant à Kincaid la monnaie de sa pièce ; Dave Sim apporte sa création Cerebus pour un voyage onirique et métaphorique sur l’essence des comics modernes. Neil Gaiman, lui, installe ni plus ni moins que tout le pan médiéval de l’univers Spawn tout en glissant dans le paysage l’ange exterminateur Angela et le sorcier Cagliostro. Grand sujet de brouille légale entre les deux auteurs, ce récit pourtant primordial dans la saga Spawn est enfin réédité en France depuis sa première publication chez Semic. Une raison de plus de faire ce grand bond dans le temps, de redécouvrir cette première et dévastatrice impulsion première. Le meilleur de Spawn serions-nous tentés d’ajouter…