SPACE RELIC HUNTERS
France – 2023
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Grun
Scénariste : Sylvain Runberg
Nombre de pages : 112 pages
Éditeur : Daniel Maghen Editions
Date de sortie : 24 août 2023
LE PITCH
Après une guerre de religion interplanétaire et une galaxie dévastée 200 ans plus tôt, quatre dieux, surnommés « Le Grand Quatuor », décident d’ériger un nouvel empire. Ils instaurent une dictature violente et répressive, anéantissant toutes formes de religions autres que celle vouée à leur propre culte. Les Légions divines ont été créées pour faire respecter cet ordre, mais malgré leur surveillance, les différents peuples et espèces continuent de vénérer en secret leurs anciens dieux. Cette situation engendre un trafic galactique de reliques aliènes, liées à de nombreux cultes dorénavant interdits. Qui dit interdit, dit contrebande et la naissance de Relic Hunters. C’est de cette activité que vivent Xia, une humaine, et Little Mercur, un alien masqué dont on ne connaît pas la race.
Pirates de l’espace
Après une très réussite trilogie On_Mars, Sylvain Runberg et Grun s’offrent une nouvelle prestation chez l’excellent éditeur Daniel Maghen. Toujours de la SF chiadée et un univers aguichant, mais au service d’un Space Opera détonnant et bourré d’action.
Dans un très lointain futur, dans une galaxie que l’on imagine lointaine, très lointaine, un ordre de quatre entités religieuses règne en maitre sur l’univers connu. Pour cela il a bien entendu massacré puis interdit tout autres formes de croyances. Classique, mais efficace, pour installer tranquillement pendant 200 ans une dictature théologique. Mais quelques chasseurs de reliques défient son autorité et recherchent quelques artefacts religieux, grassement payés, pour le compte de poches de résistance. A priori le duo formé par Xia (sexy et grande gueule) et Little Mercure (masqué et bien plus discret), rapidement rejoint par Vitellius, ancien ceinturon du panthéon, sont les meilleurs à ce petit jeu là et ils sont réunis pour un contrat juteux qui va les entrainer à l’autre bout du monde, sur la planète des arrachonovane (araignée humanoïdes et athées convaincues) et dans un joli nid d’emmerdes. Beaucoup moins sérieux que sur On_Mars certainement, mais toujours aussi précis dans la création de son théâtre spatial, Sylvain Runberg (Orbital, Patriarchy, Nephilims…) embarque ses héros dans une aventure débridée et définitivement spectaculaire ponctuée de répliques bien senties.
Chacun son culte
La miss Xia n’a effectivement pas sa langue dans sa poche et passe son temps à malmener le pauvre (et maladroit à) Vitellius à propos de son ancien vœu d’abstinence. Et son adoration pour une religion qui quête la vérité dans l’alcool n’est pas totalement étrangère non plus à son comportement rentre-dedans. Des personnages haut en couleurs habitués à tirailler avec les services d’ordres, à échapper aux griffes de monstres gigantesques, à provoquer tout simplement le chaos partout où ils passent, mais qui se retrouvent rapidement plongés dans une affaire qui les dépassent largement. Mieux, leurs découvertes pourraient bouleverser le fragile équilibre qui régit leur monde. Sous les explosions, les poursuites, les surprises et les planches absolument magnifiques et décoiffantes de Grun (La Conjuration d’opale, Le Souffle du vent…) Space Relic Hunters n’est pas qu’action et gaudriole mais conserve comme les grands récits du genre une certaine forme de gravité. Plus une critique des dogmes religieux et des églises que de la religion en elles-mêmes, l’album confronte, comme souvent chez Runberg, le libre arbitre naturel de ses personnages aux volontés totalitaristes de certaines autorités auto-proclamées, faisant écho comme il se doit à des réalités bien plus proches de nous.
Un peu de pesanteur et de sérieux dans une aventure parfaitement calibrée, sans temps mort et pulp à souhait qui sous ses dehors de série B musclée balance des vaisseaux, décors et environnement naturels aliens dignes des meilleurs blockbusters du genre. Fun et audacieux.