SOL-13
France – 2024
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Federico Dallocchio
Scénariste : Harry Bozino
Nombre de pages : 96 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 07 février 2024
LE PITCH
Alors qu’Eiko, une agente de la CDE (Confrérie des Étoiles), envoyée en reconnaissance sur la planète Sol-13, disparait, une mission de sauvetage est lancée. À la tête d’un commando, Jatred découvre une planète sauvage sur laquelle la population humaine a été réduite en esclavage par une race alien aux pouvoirs psychiques et à la technologie très avancée : les Mokkaïs. Devant l’urgence de la situation, les agents de la CDE devront malgré eux prendre part à une révolte pour libérer les humains du joug terrible des extraterrestres.
Terres oubliées
Les Humanoïdes Associés refont une incursion dans les mondes futuristes de l’auteur Julia Verlanger avec Sol-13 qui cette fois-ci n’est pas une adaptation littérale de l’une de ses nouvelles mais bien une aventure inédite qui prend pour cadre cet univers des « Planètes orphelines » si cher à l’autrice.
Une appellation plutôt moderne puisque Julia Verlanger, signant parfois du pseudonyme masculin Gilles Thomas (et on se doute pourquoi) n’avait jamais vraiment surlignée elle-même les connexions existantes entre certains de ses textes : des romans, plus ou moins longs, des nouvelles publiées en recueils ou passées par la case de revues spécialisées comme Fiction ou Galaxie. Parmi ceux-ci, les Humano ont déjà proposé à des auteurs d’en offrir des versions en BD comme pour L’Autoroute sauvage, Horlemonde, Les Décastés d’Orion et enfin L’Ange aux ailes de lumière. Réécrit par Harry Bozino ce dernier mettait en avant le duo Jatred et Valika en mission d’observation sur une ancienne colonie humaine revenue à l’ère médiévale, ne pouvant s’empêcher de sauver une femme enceinte de la mort. Comme dans les séries Star Trek, l’intervention directe est bien entendu proscrite et leur action va entrainer une réaction en chaine qui va bouleverser leur vie et mettre à mal la fameuse Confrérie des étoiles. Une adaptation soignée et fidèle, à laquelle le même scénariste propose ici moins une suite qu’un prolongement.
Prime directive
Pas besoin de se jeter sur les deux tomes de la mini-série précédente, la situation est parfaitement résumée en quelques dialogues, les colonies retrouvées se montrant désormais bien plus méfiantes envers ces protecteurs auto-proclamés et Jatred ayant été reléguée à formateur loin du terrain. Quelques années ont passé, mais l’une de ses anciennes élèves, coincée sur planète lointaine, se retrouve plus ou moins dans une situation morale identique. Si certains liens sont faits bien évidement avec la grande architecture du space opera imaginé par Julia Verlanger, Sol 13 fonctionne autant comme un one-shot explorant les thèmes et questions laissées en suspens que comme une porte d’entrée pour les nouveaux lecteurs. La confrontation avec une espèce alien aquatique réduisant en esclavages depuis des siècles les cousins humains est parfaitement claire et permet effectivement d’aborder le récit comme un pur spectacle d’action. Entre quelques échanges venant révéler la position de chacun sur le droit au pouvoir d’ingérence d’une civilisation plus avancées face aux injustice subies par une culture « autre », l’album embraye surtout sur une succession de missions de sauvetage, d’assauts et de tentatives de reconquêtes rondement menées. On n’est pas ici dans de la science-fiction pompeuse et bavarde, mais plutôt dans son versant bis où les réflexions existent mais prennent toujours corps dans l’action.
Certes la trame en elle-même n’est pas forcément la plus originale qui soit, mais les enjeux et les personnages sont toujours bien posés, les dialogues vont à l’essentiel et l’univers dépeint par le prolifique Federico Dallocchio (Suicide Squad, Star Wars Chevalier errant, Androïdes…) mêle parfaitement un certain classicisme franco-belge dans son amplitude et son découpage, avec une nervosité plus américaine et des designs qui rafraichissent considérablement un univers imaginé dans les années 70. A l’ancienne, mais jamais rétro.