SŒUR CALVAIRE

Espagne / France – 2025
Genre : Fantastique, Action, Comédie
Dessinateur : Fran Carmona
Scénariste : Raul
Nombre de pages : 64 pages
Éditeur : Drakoo
Date de sortie : 26 février 2025
LE PITCH
Sœur Justine, religieuse dans un monastère espagnol, mène une double vie en tant qu’exorciste sous le nom de Sœur Calvaire, combattant les forces du mal avec l’aide de sa chienne Natas. Lors d’une mission, Justine rencontre Salomon Saba, un charismatique exorciste musulman. Bien que méfiants l’un envers l’autre, ils collaborent pour vaincre un puissant démon. C’est alors que Justine découvre un grand pouvoir en elle, qui suscite inquiétude et mystère.
Une nonne bien frappée
Gentille bonne sœur le jour, exorciste vénère la nuit, Sœur Justine distribue l’amour de dieu comme d’autres distribuent les pains. Une comédie cléricale bourrée d’action, de démons et de projections d’eau bénites qui ne mange pas de pain (azyme).
Cette brave petite Justine est donc une nonne tout ce qu’il y a de plus heureuse, remerciant le brave Jésus du matin jusqu’au soir, s’adonnant docilement à ses prières, à ses tâches dans le monastère et papotant quand le planning le permet avec ses petites copines. Mais si jamais la Sainte Voix l’appelle, elle chausse ses rangers, s’arme de sa bible et de sa foi, récupère le bull terrier Natas au passage et part exorciser les démons de niveau 3 sous le nom de code de Sœur Calvaire. Une héroïne des temps modernes, fières et convaincue qui balance des prières sacrées et des uppercuts sautés avec grâce et innocence. Un personnage vraiment charmant qui tranche forcément avec l’univers sombre et violent dans lequel elle se promène, peuplé d’un démon gigantesque la tête coincée dans une cage ou d’une bikeuse à tête de mort et épée enflammée, qui ne disparaitront qu’après quelques démembrements et une belle explosion. De l’action qui dépote, où Justine est rapidement aidée par Taleb, exorciste musulman un peu fanfaron, un peu cupide mais très sympathique et maniant efficacement le lance-roquette. Un duo de buddy-movie plutôt plaisant, bringuebalé dans une histoire un peu bordélique tournant autour des pouvoirs mystérieux et spectaculaires de cette brave Sœur Calvaire, qui intéresse autant les âmes déchues que les pontes du Vatican, et qui a clairement des airs d’introduction.
Le bien et le mal
A ce titre, la dernière partie laisse retomber un peu le soufflé, pour se concentrer justement sur les explications de ceux-ci, les liens avec des rêves d’une autre vie entrevue à plusieurs occasions et amener l’ouverture à une série de nouvelles aventures à venir. Une construction curieuse pour un album introduit comme « une histoire complète » par l’éditeur. Cela instaure un tempo un peu étrange à l’album, pourtant relativement court, qui peine alors un peu à trouver son rythme. Si la lecture reste plaisante, l’hésitation constante entre le gag et l’instauration d’une arrière-plan plus complexe et biblique ne convainc qu’à moitié. Un peu trop léger, pas assez mordant, le scénario de Raule (L’Art de mourir, Jazz Maynard…) est de la même façon mis en image par Fran Carmona avec un style volontairement assez naïf, légèrement manga, baigné de couleurs joyeuses et doté d’une mise en scène enjouée façon planches jeunesse du Journal de Spirou. Bonne idée sur le papier, mais si les giclées de sang et les délires « arts-martiaux » tranchent allègrement avec les grosses-têtes quasi kawaï, le trait manque parfois d’un peu de précision et l’effet de contrastes n’est peut-être pas aussi appuyé qu’il aurait pu.
Quelques belles notes d’humour, des bastons gentiment délirantes et un personnage principal tout à fait accrocheur donnent naissance à un petit album pas déplaisant. Mais malgré sa bonne idée de départ, il ne réussit pas totalement à maintenir son ton et son irrévérence charmante jusqu’au bout.